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jeudi 10 juin 2010

Comment le Mondial affecte la vie au bureau.

Mots clés : productivité au travail, match de foot en ligne, regarder un match au travail.
Crédits photo : JACQUES TORREGANO / Le Figaro Magazine
Un salarié français sur cinq devrait regarder des matchs de la Coupe du monde au travail, selon un sondage effectué par Monster. Pour autant, l'impact de la compétition sportive sur la productivité est difficile à évaluer.

La Coupe du monde de football met-elle en péril la productivité mondiale ? C'est une question que l'on peut se poser après la publication d'un sondage effectué par Monster début avril : selon le spécialiste de la gestion de carrière et du recrutement en ligne, 19% des salariés français affirment qu'ils regarderont le Mondial sur leur lieu de travail, un peu moins que la moyenne mondiale (21%). L'enthousiasme est encore plus vif chez certains de nos voisins : 25% des Britanniques et plus de 27% des Espagnols et des Italiens suivront les matchs tout en travaillant. Le nombre de participants au sondage présentent cependant de grandes disparités selon les pays : les Britanniques (457 personnes) et les Espagnols (407) sont ainsi près de trois fois moins nombreux à avoir répondu que les Français (1194).
Ultra-médiatisée, la Coupe du monde est un des événements sportifs les plus suivis sur la planète. Fanatiques du ballon rond et amateurs occasionnels des soirées foot se retrouvent devant les matchs les plus incontournables. «Je ne suis pas un fan de foot, explique Arnaud, ingénieur réseaux de 24 ans, mais je vais regarder les matchs de l'équipe de France et des plus grandes équipes comme l'Espagne et le Brésil». Mais, si le coup de d'envoi de nombreux matchs sera sifflé à 20h30, d'autres rencontres auront lieu dans la journée. Alors, comment les salariés vont-ils s'organiser pour regarder le très attendu match qui opposera la France à l'Afrique du Sud et qui aura lieu le 22 juin... à 16 heures ?

Sites de streaming et téléphone mobiles:
Heureusement, les nouvelles technologies multiplient les possibilités de suivre les matchs loin de chez soi. Après la radio et les écrans télé, le salut viendra des sites de streaming et des téléphones mobiles. «Je pense travailler en même temps que le match tournera en fond sur l'ordinateur, et je jetterai un oeil de temps en temps» explique Sébastien, un Marseillais accro au ballon rond qui ajoute néanmoins que sa «priorité reste le travail». «On va sortir les iPhone» confie de son côté une salariée d'une société de gestion de fonds communs qui défend également sa conscience professionnelle : «on a le droit de se divertir si chacun fait son boulot». Son équipe s'est même organisée pour parier ensemble sur l'issue des matchs.
Pour les amateurs de foot les plus chanceux, leur patron partage la même passion (ou la comprend) et a installé un écran dans les bureaux. «On a acheté une télé pour Roland Garros, le Mondial et aussi pour les chaînes financières quand même», raconte Bruno, analyste dans une société de gestion d'actifs, «on allumera selon l'avis général et on coupera le son, comme pour Roland Garros».

La productivité en danger ?
Dans ces conditions, la Coupe du monde pourrait-elle avoir un impact sur la productivité mondiale ? Oui, selon la société Blue Coat Systems spécialisée dans la sécurité et les applications réseau qui pointe du doigt la bande passante consommée par l'accès aux matchs de foot en streaming, au détriment des priorités professionnelles.
«Beaucoup d'employés ne sont pas conscients de l'effet des vidéos en streaming sur un réseau, explique Nigel Hawthorn de Blue Coat Systems. C'est la première Coupe du monde où il existe autant de possibilités pour suivre les matchs en ligne et pour interagir avec nos amis et nos collègues sur les sites de réseaux sociaux. Sachant qu'un match de football visionné en streaming consomme environ 750 Mo de bande passante - soit l'envoi de plus de douze exemplaires de Guerre et Paix de Tolstoï - il est important que les professionnels de l'informatique et des ressources humaines communiquent à leurs employés des règles claires».

«Une question truffée de pièges»:
Mais pour Didier Primault, économiste au Centre de Droit et d'Economie du Sport, l'impact économique de la Coupe du monde est un problème particulièrement compliqué à résoudre. «L'impact peut même être positif, remarque-t-il, il y a plus d'entrain quand la France gagne qu'après une plaisanterie entre collègues !». On peut effectivement se souvenir de la vague d'enthousiasme suscitée par la victoire des Bleus en 1998. De manière générale, l'économiste rappelle que beaucoup de professions ne permettent pas l'accès à un écran pour suivre le match et que la durée de la compétition est trop courte, à peine plus d'un mois, pour avoir un réel impact sur l'économie.
«C'est une question truffée de pièges» répond Didier Primault, évoquant «des effets de substitution» qui permettent à certains secteurs de bénéficier du ralentissement d'autres. Et, même en constatant une variation de la productivité en période de Coupe du monde, rien ne prouve que l'événement sportif en est la cause. De nombreux autres facteurs doivent en effet entrer en compte dans le calcul de la productivité, comme le taux de chômage ou même la situation climatique.
Mais historiquement, précise l'économiste, malgré l'impact du Mondial 98, «la France a une plus faible demande de spectacles sportifs» que d'autres pays comme la Grande-Bretagne. D'ailleurs, selon le sondage de Monster, 61% des Français interrogés disent ne pas être intéressés par la Coupe du monde, dans la moyenne mondiale mais loin derrière les Italiens (39%), les Irlandais (40%), les Britanniques (53%)... et surtout la petite centaine de Malaisiens qui ont participé au sondage : 85% d'entre eux sont enthousiasmés par les péripéties sud-africaines des joueurs et prêts à 44% à défier une interdiction patronale pour regarder les matchs. Au-delà des différences culturelles, les doutes sur le cru tricolore 2010 empêcheront peut-être les travailleurs français de se dissiper cette année...

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