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mardi 20 juillet 2010

Le prix des diamants répond à de nouvelles règles.

Les temps changent. Jusqu'à l'éclatement de la crise financière, la conjoncture américaine a été l'élément déterminant l'évolution du marché des diamants bruts. Toutes les grandes récessions américaines depuis l'après-guerre se sont soldées par l'effondrement des prix des gemmes suivies par des rebonds tout aussi vifs à la mesure de la vigueur des reprises qui leur ont succédé. L'explication de ce lien tient au rôle central joué par la demande américaine. La part de marché des joailliers d'outre-Atlantique a avoisiné les 50 % pendant des longues années pour descendre à environ 43 % en 2008 selon des récentes estimations du russe Alrosa (24 % du marché mondial en 2008), le deuxième producteur de gemmes au monde derrière De Beers (44 %).
Mais la crise en cours a agi comme un accélérateur des évolutions en cours depuis une dizaine d'années. Elle a dopé la montée en puissance sur ce marché des nouvelles puissances industrielles asiatiques, Chine et Inde principalement. Fin juin, Gareth Penny, le directeur général de De Beers, déclarait au « Financial Times », qu'à ce stade, la Chine (en incluant Hong Kong) absorberait le tiers de l'offre totale. La croissance de la demande de ce pays est constamment à deux chiffres depuis plus de cinq ans, a-t-il ajouté. Dans dix ans, la part de la Chine a toutes les chances d'atteindre celle des Etats-Unis avec un tiers chacun des achats mondiaux de cette pierre précieuse, contre 6 à 7 % en 2009, juge Gareth Penny. Les analystes chez RBC Capital Markets estiment de leur côté que dans les sept ans qui suivent la région Asie-Pacifique (y compris le Japon) pèsera pour 40 % dans la demande mondiale de pierres taillées, ravissant la première place aux Etats-Unis.
Les effets de ce rééquilibrage sont très positifs pour la tenue des prix. La crise financière n'a pas débouché sur un affaissement brutal des achats car, comme le souligne James Allan, spécialiste du secteur, fondateur de l'institut sud-africain de recherche Allan Hochreiter et conseiller spécial pour De Beers, « la demande a été sauvée par l'énergique montée en puissance de la Chine ». L'érosion rapide des prix a ainsi été nettement plus contenue si l'on la compare à celles des crises précédentes. Et le rebond a été plus rapide que dans les autres cas. L'indice synthétique des prix élaboré par l'International Diamond Exchange (Idex) indique que les diamants se traitent actuellement à des prix moyens supérieurs de l'ordre de 20 % à ceux d'octobre 2009. L'autre facteur qui a beaucoup aidé à cette amorce de rétablissement a certainement été la décision des producteurs de fermer temporairement un grand nombre de leurs mines. James Allan chiffre la réduction de l'offre à 35 %. Si les opérations ont repris un peu partout, l'industrie minière des diamants ne parviendra cependant pas à remonter de si tôt la pente d'un débit qui a tendance à stagner, voire à diminuer, en raison du vieillissement de nombreux gros gisements en cours d'exploitation et de la difficulté d'en trouver de nouveau de taille équivalente.

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