Le projet d'accord entre médecins, Sécu et complémentaires santé comporte un important volet pour essayer d'atténuer le problème d'accès aux soins dû aux dépassements d'honoraires.
Le système, baptisé «secteur optionnel», vise non pas à éliminer ces
dépassements, mais à les limiter et à mieux les faire rembourser par les
complémentaires.
Quel est le principe du dispositif ?
Il
concerne les disciplines où la situation est la plus difficile :
anesthésie, chirurgie et obstétrique. Les spécialistes de secteur 2
(ceux qui ont le droit de pratiquer des dépassements) volontaires
s'engageront à facturer leurs actes, au maximum, 50 % plus cher que le
«tarif Sécu» - ce pourcentage précis restait en discussion mercredi
soir. Surtout, les complémentaires rembourseront ce dépassement, ce qui
n'est pas toujours le cas jusqu'ici - de grandes mutuelles comme la MGEN
ne le font pas. Enfin, au moins 30 % des actes seront effectués sans
dépassement, pour ne pas pénaliser les personnes sans complémentaire.
Mais pourquoi certains médecins accepteraient-ils de renoncer à leur
liberté tarifaire ? Ils peuvent trouver deux intérêts au secteur
optionnel. D'abord, solvabiliser leur patientèle. Les dépassements
d'honoraires ne peuvent pas grimper jusqu'au ciel ; les revenus des
patients ne sont pas infinis. Ensuite, ils bénéficieront de réductions
de cotisations sociales.
Pourquoi le dispositif est-il imparfait ?
Du
point de vue des médecins, il laisse sur le bord de la route les
spécialistes de secteur 1, c'est-à-dire ceux qui doivent respecter les
tarifs Sécu. Or, c'est justement parce que ces tarifs sont devenus
insuffisants par rapport au temps, à l'expertise, au personnel, au
matériel requis ou au risque pris, que la possibilité de pratiquer des
dépassements a été accordée en 1980. Les praticiens qui n'ont pas fait
ce choix se sentent aujourd'hui piégés. Du point de vue des assurés et
des complémentaires, le projet est certes susceptible de convaincre des
médecins pratiquant des dépassements élevés (à Paris, Lyon ou sur la
Côte d'Azur en particulier) de modérer leur appétit. Mais il pourrait
aussi pousser les plus «sages» à s'aligner sur le plafond instauré,
c'est-à-dire à réclamer systématiquement 50 % de dépassement. Il reste
néanmoins l'unique tentative de remède à ce jour.
Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ?
Signe
du casse-tête que représentent les dépassements d'honoraires, il a
fallu donner un sursis jusqu'à fin septembre pour les traiter. L'accord
envisagé est pourtant l'exacte réplique de celui signé par les mêmes il y
a deux ans ! Mais celui-ci n'a jamais été mis en œuvre, faute
d'empressement des complémentaires - le système envisagé revient à
officialiser des transferts de remboursement de la Sécu en leur
direction - et de volonté politique. La ministre de la Santé d'alors,
Roselyne Bachelot, y était réticente. Son successeur, Xavier Bertrand, y
est favorable. Les pouvoirs publics exercent une pression sur la plus
grosse famille de complémentaires - les mutuelles - pour qu'elles
mettent fin à leur hésitation et acceptent le projet. Mais l'organisme
qui les représente dans la négociation n'a aucun moyen de contraindre
chaque mutuelle à rembourser les dépassements. Le texte n'entrera en
vigueur que fin 2012. Donc après la présidentielle…
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