Les deux réacteurs de Fessenheim ont été mis en service en 1977.
Pour la première fois, des économistes ont réalisé une évaluation précise des coûts qu'entraînerait en France une catastrophe nucléaire comparable à celle survenue au japon en 2011.
Un peu moins de deux ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima
au Japon, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire () a
publié les conclusions d'une étude chiffrant pour la première fois les
conséquences financières d'un accident majeur sur l'un des réacteurs
d'EDF en France. Dans le pire des cas, la facture serait extrêmement
lourde pour l'État Français, autour de 400 milliards d'euros, ce qui
provoquerait la faillite d'EDF et impacterait la croissance économique du pays sur près d'une décennie.
Les
scénarios étudiés par les économistes de l'IRSN partent de l'hypothèse
d'un accident sur un réacteur de 900 MW (900 megawatts) d'EDF qui
entraînerait la fusion du cœur du réacteur avec des rejets radioactifs
«plus ou moins contrôlés» dans l'atmosphère dans le cas d'un accident
dit «grave», ou des «rejets massifs» dans l'environnement pour un
accident «majeur», comparable à ce qui s'est passé après l'explosion des
réacteurs de la centrale de Fukushima Daichi en mars 2011.
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Réfugiés radiologiques:
L'accident
«grave» entraînerait la contamination d'un territoire assez peu étendu,
mais nécessiterait quand même en moyenne l'évacuation de 3500
personnes. Le coût pour la nation s'éleverait à 120 milliards d'euros,
soit 6% du PIB. L'ordre de grandeur d'un tel accident serait déjà bien
supérieur à celui des plus graves catastrophes industrielles de ces
dernières années en France, comme l'explosion de l'usine AZF à Toulouse
ou la marée noire de l'Erika, qui ont coûté autour de 2 milliards
d'euros chacune.
Un accident de type Fukushima ou Tchernobyl, avec
cette fois des rejets massifs dans l'environnement, contaminant environ
quatre départements français, obligerait les autorités à évacuer et
reloger une centaine de milliers de réfugiés radiologiques. Sur une
facture totale qui atteindrait cette fois la somme colossale de 430
milliards d'euros, soit 20% du PIB, le coût de traitement des
territoires contaminés serait de 110 milliards d'euros. Les
perturbations sur le parc nucléaire d'EDF, dont la durée de vie serait
probablement réduite d'une dizaine d'années à la suite d'une telle
catastrophe majeure coûteraient 90 milliards d'euros à l'ensemble de la
Nation. «Contrairement à ce qui s'est passé au Japon, il est impossible
d'imaginer que la France puisse arrêter d'un coup toutes les centrales
nucléaires qui fournissent 75% de l'électricité du pays», précise
Patrick Momal, l'économiste de l'IRSN qui a mené ces travaux.
160 milliards de «coût d'image»:
De
manière assez surprenante, les coûts les plus importants proviendraient
de l'impact sur l'économie du pays. De graves «effets d'image»
provoqueraient une chute des ventes et des exportations de l'ensemble du
secteur agro-alimentaire, même pour les régions non touchées par les
retombées radiaoactives ainsi qu'une baisse massive et durable du
tourisme venant de l'étranger. Ce coût d'image atteindrait 160 milliards
d'euros, et toucherait de très nombreux secteurs en raison des effets
indirects de la baisse d'activité générale.
«Les montants que nous
obtenons avec nos études sont tout à fait compatibles avec les montants
en jeu après la catastrophe de Fukushima, où Tepco a annoncé une somme
de 100 milliards de dollars pour compenser les victimes et où l'impact
de l'arrêt du parc électronucléaire japonais est estimé à 60 milliards
de dollars sur 2 ans», explique Patrick Momal.
Ces études
chiffrées sur l'impact d'une catastrophe nucléaire en France servent
avant tout à pouvoir «mettre un prix» sur les mesures de sûreté imposées
à l'industrie nucléaire en France, pour éviter que ce genre d'accident
ne puisse se produire. «Quand on voit les montants en jeu après ce genre
d'accident nucléaire grave, on se rend compte que l'investissement de
10 milliards d'euros demandé à EDF après Fukushima pour rendre ses
centrales encore plus sûres n'est pas une somme si élevée que ça»,
remarque Jacques Repussard, directeur général de l'IRSN.
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