Les robots qui opèrent à 1.600 mètres de profondeurs sont pilotés par des opérateurs en surface.
A peine lancés, les premiers essais du «super-entonnoir» de BP ont été momentanément stoppés à cause d'une fuite vite réparée dans un conduit. Ces tests, qui pourraient reprendre dans la journée, risquent d'endommager la structure du puits et rendre impossible son futur colmatage.
Ca passe ou ça casse. Littéralement. Dans la nuit de mercredi à jeudi, les ingénieurs de BP ont lancé les tests du super-entonnoir de 75 tonnes mis en place depuis lundi dans le golfe du Mexique. Arrêtés jeudi matin en raison d'une fuite imprévue dans un des conduits, ces essais, cruciaux, devaient reprendre le jour même. Ils pourraient entraîner d'irréparables dégâts dans le coffrage du puits, profond de 4 kilomètres. Initialement prévue mardi, la fermeture temporaire des valves de sécurité avait d'ailleurs été repoussée par le gouvernement en raison des risques qu'elle représentait pour la structure du puits. «Ce que nous ne voulions pas faire, c'est commettre une irréparable erreur en tentant de résoudre le problème», expliquait l'ancien chef des garde-côtes américains Thad Allen, chargé par Barack Obama de superviser les opérations de lutte contre la marée noire.
C'est le secrétaire à l'énergie Steven Chu, prix Nobel de physique 1997, qui avait attiré l'attention de l'ancien amiral sur les dangers potentiels de l'opération. Si la pression devient trop forte après la fermeture des trois valves de sécurité, le coffrage pourrait se fissurer et conduire à de nouvelles fuites plus difficiles, voire impossibles, à colmater. Paradoxalement, c'est en observant une pression qui augmente trop peu dans l'entonnoir que l'on détecterait ces fissures. Si la pression est faible dans l'entonnoir, cela peut vouloir dire que le pétrole s'écoule ailleurs, et donc qu'il y a des fuites. Il se pourrait d'ailleurs que les brèches éventuelles se soient ouvertes au moment de l'explosion du 22 avril, bien que les analyses sismiques n'aient rien révélé jusqu'à présent.
Attester de la solidité du puits:
Mais si la pression augmente suffisamment dans l'entonnoir, cela voudra dire que le puits est solide. Il s'agira alors de voir si le dispositif est lui-même suffisamment résistant pour stopper le flux de pétrole. Il serait alors utilisé comme une sorte de bouchon. «Si les tests montrent qu'on peut condamner le puits, alors, évidemment, le puits sera fermé et il n'y aura plus de pétrole qui s'échappera», avait ainsi affirmé mardi le vice-président de BP, Kent Wells. La pression peut toutefois être trop forte pour envisager cette solution. Il faudrait alors laisser le pétrole s'écouler et le récupérer par pompage. Contrairement à l'entonnoir qu'avait déjà tenté de poser BP début juin, le super-entonnoir permettrait cette fois-ci de drainer l'ensemble du pétrole qui s'échappe encore du puits. Inutile de dire que ces deux scénarios constitueraient des avancées très significatives.
C'est d'ailleurs pour cette raison que les autorités américaines avaient finalement donné leur feu vert à l'entreprise mercredi soir. En contrepartie, BP avait assuré que si les ingénieurs voyaient une augmentation trop faible de la pression par rapport à leurs prévisions, ils rouvriraient «immédiatement» les valves afin de ne prendre aucun risque. Le nouveau report imposé par une banale fuite dans un des conduits de l'entonnoir a encore prolongé l'insoutenable attente des habitants de la région. Si la nouvelle opération échouait, tous les espoirs reposeraient alors sur les forages secondaires en cours qui doivent rendre possible une nouvelle opération de type «Top Kill».
Depuis le 22 avril, ce sont près de 520 millions de litres de brut qui se seraient écoulés dans l'océan, estimait mardi l'Agence internationale de l'énergie. Une des pires marées noires de l'histoire (voir l'infographie ci dessous), un cauchemar à 3,5 milliards de dollars pour BP et une catastrophe écologique irréparable.
Trois mois après son explosion, la plate-forme Deepwater Horizon a déjà associé son nom à l'une des plus grosses marées noires de l'histoire.
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