Deux dixièmes de point de pourcentage ont suffi,
mercredi 13 juillet, à rassurer la Bourse de Shanghai. En pleine
tourmente européenne, celle-ci a regagné 1,48 % au cours de cette
journée.
Un soulagement dû à la
publication du chiffre de la croissance économique chinoise au deuxième
trimestre. Alors que les économistes tablaient, en moyenne, sur une
expansion de 9,3 %, celle-ci s'est finalement établie à 9,5% sur un an.
Cela constitue, certes, un léger tassement par rapport aux 9,7 % qui
avaient été observés au premier trimestre. Mais le ralentissement de
l'économie était déjà avéré et les observateurs ont préféré voir dans ce
chiffre une bonne nouvelle.
L'hypothèse
d'un atterrissage brutal semble, pour l'heure, écartée. D'autant qu'un
autre chiffre, celui de la production industrielle, a suscité
l'optimisme : cette dernière a finalement augmenté de 15,1 % en juin, un
record depuis plus d'un an.
Le pilotage
économique du pays apparaît moins épineux. Alors que les autorités font
face à un dérapage de l'inflation, qui a touché 6,4 % en juin,
un record en trois ans, de plus en plus d'économistes voyaient Pékin
face à un dilemme insoluble. Contraint de serrer la vis monétaire afin
de ralentir l'envolée des prix, le régime ne risquait-il pas de casser
brusquement la croissance économique ?
« La politique monétaire chinoise est encore loin d'être restrictive »:
« La politique monétaire chinoise est encore loin d'être restrictive »:
On
comprend mieux, rétrospectivement, que les autorités aient continué
d'affirmer, ces derniers jours, que la lutte contre la hausse des prix
restait leur combat numéro un. Le week-end dernier, Wen Jiabao, le
Premier ministre, n'a pas choisi au hasard l'endroit où il a martelé ce
message. Dans la province centrale du Shaanxi, il s'est fait
photographier, en chemisette, discutant avec un boucher, puis rendant
visite à un producteur de porcs. Car c'est d'abord la flambée de 57 % en
un an du prix de cette viande qui exaspère les ménages, dont elle
constitue un aliment de base.
Quant à la
décision de la banque centrale, la semaine dernière, de relever ses taux
d'intérêt pour la cinquième fois en neuf mois, elle apparaît, avec le
recul, moins périlleuse. La solidité de la croissance lui donne
finalement une marge de manoeuvre, et l'hypothèse de nouvelles hausses
de taux semble même envisageable.
D'autant
que, comme l'analyse un bon connaisseur de la politique monétaire
chinoise, « on réalise tout simplement aujourd'hui que la politique
monétaire est encore loin d'être restrictive ». Compte tenu de
l'inflation, les taux d'intérêts réels restent négatifs pour ce qui
concerne les dépôts, et sont très loin d'être prohibitifs pour le
crédit.
La trajectoire chinoise semble
donc cohérente avec le souhait de Pékin de mettre un terme à la
surchauffe, et de ramener la croissance au plus près de son potentiel,
estimé entre 8 et 8,5 %. Ce qui ne signifie pas qu'elle soit dépourvue
de risques.
Le plus visible aujourd'hui
concerne les finances locales. On découvre actuellement que certaines
structures de financement mis en place par les collectivités locales
afin de pouvoir emprunter procèdent à des transferts d'actifs
potentiellement inquiétants. Une proportion inconnue de ces structures,
une fois atteint leur plafond d'endettement, transfèrent leurs meilleurs
actifs à un nouveau véhicule créé pour l'occasion, afin que celui-ci
puisse, de nouveau, emprunter. La structure initiale gardant
essentiellement, elle, des dettes... Là réside peut-être aujourd'hui la
principale menace concernant l'économie chinoise : un ralentissement
économique trop brutal risquerait d'avoir des répercussions douloureuses
sur l'édifice financier du pays, dont la solidité est de plus en plus
souvent mise en doute.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire