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samedi 12 mai 2012

Censurer Twitter et Facebook aux JO : pari quasi impossible.


Partager son expérience des JO sur les réseaux sociaux ne se fait pas sans risques, même si la législation reste floue selon la nature des contenus.
Partager son expérience des JO sur les réseaux sociaux ne se fait pas sans risques, même si la législation reste floue selon la nature des contenus.
 
 
 Le CIO interdit aux athlètes et au public de diffuser sur les réseaux sociaux des vidéos et photos des JO de Londres. Les tweets et statuts Facebook pourraient aussi inciter les marques partenaires à initier des procédures juridiques.
 
Vendredi et pendant cinq jours, 900.000 nouveaux billets pour les Jeux Olympiques de Londres seront mis en vente. Autant de chanceux appelés à partager «l'expérience Ooympique» Mais un détail au dos du précieux sésame pourrait retenir leur attention. Les conditions d'utilisation prévues par le Comité organisateur (CIO) interdisent en effet aux spectateurs «toute diffusion ou publication de photo, vidéo ou enregistrement audio des Jeux sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Google Plus…) et sur internet». Une précision utile, alors qu'immortaliser et partager ses émotions sportives sur la toile sont devenues un réflexe pour les fans de sport. Mais une interdiction aussi impossible à faire respecter?
«Une telle prise de position de la part de l'exploitant de l'événement est juridiquement cohérente, défend Fabrice Lorvo, spécialiste du marketing sportif chez FTPA. Mais nous sommes dans l'éternel grand écart entre la volonté du détenteur des droits, et ce qui est rendu possible par les nouvelles technologies». Difficile en effet pour des raisons pratiques de demander à Twitter ou Facebook de contrôler tous les contenus liés à l'événement. Quant à interdire l'accès aux sites olympiques avec un smartphone, cela pourrait dissuader les spectateurs, tout en imposant des contraintes organisationnelles très lourdes (consignes des smartphones etc.). Enfin, bloquer purement et simplement ces réseaux sociaux comme en Chine passerait difficilement, sur un continent attaché à la liberté d'expression.

Établir le préjudice:

Dès lors, comme pour l'élection présidentielle en France, la solution consisterait à sévir en aval, avec des demandes d'indemnisations ou de dommages et intérêts. «C'est une démarche possible, mais qui implique d'établir auparavant qu'il y a eu un préjudice, détaille Fabrice Lorvo». Et c'est là le point fort de l'argumentaire du Comité d'organisation des JO de Londres: les droits télés sont souvent vendus de manière exclusive aux médias. Filmer et poster sur internet seraient donc une violation de cette exclusivité. Dans ce cas, pas impossible qu'un média demande au CIO des comptes sur des images vendues souvent très chères.
Par contre, un flou juridique persiste autour de la diffusion des résultats, voire la citation de marques dans les tweets ou statuts Facebook. Pourquoi un partenaire officiel ne se sentirait pas lésé de voir son concurrent cité régulièrement par les twittos londoniens. Autre exemple, que fera Coca-Cola, partenaire officiel des JO si des fans de Pepsi se prennent en photo massivement une bouteille à la main lors d'une compétition olympique? La question reste posée: «de ce point de vue, on peut s'attendre à des débats juridiques en fonction des législations nationales», pronostique Fabrice Lorvo.

Risque de désaccréditation:

Enfin, côté athlètes et personnes accréditées, le CIO semble plus clément, puisque l'activité de blogging ou liée aux réseaux sociaux est «encouragée», même si elle doit être écrite à la première personne du singulier. Mais les contraintes sont telles que beaucoup devraient s'autocensurer, pour éviter de se faire désaccréditer. Interdit par exemple de se convertir en pseudo journaliste (commenter les épreuves, les performances d'autres athlètes, dévoiler des informations privées sur d'autres sportifs ou personnes accréditées…). Enfin, toute promotion d'un sponsor personnel, d'un produit ou d'un service est prohibée. De son côté, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) se refuse à devenir un «valideur» ou «invalideur» de tweets, mais assure que les quelque 1500 sportifs français appelés à participer, seront informés des règles émises par le CIO.

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