Le magazine économique américain propose sur son site internet des articles boursiers signés «Narrative Science», autrement dit un robot.
Le site internet de Forbes propose à ses lecteurs des prévisions de résultats de plusieurs sociétés, dont la publication est attendue ces prochains jours. Cela n'aurait rien de surprenant si ces articles concernant l'actualité boursière d'Abercrombie & Fitch, Limited Brands ou encore Saks n'avaient pas été écrits par un robot plutôt que par un humain, relevait le Guardian dimanche.
Le magazine américain a choisi de recourir à la technologie proposée par «Narrative Science», une petite société américaine basée au nord de Chicago, sur un campus universitaire. Issu des travaux de deux spécialistes de l'intelligence artificielle, Larry Barnbaum et Kris Hammond, également professeurs de journalisme, ce logiciel «transforme des données en article, de telle sorte que le résultat soit indiscernable d'un article écrit par un journaliste», explique la société sur son site internet. En pratique, l'algorithme met en forme des données - puisées par exemple dans les rapports annuels des sociétés - à l'aide d'une base de mots et d'expressions abondamment utilisés par les journalistes.
Un prix Pulitzer d'ici cinq ans:
Si la société a d'abord concentré ses efforts sur les comptes rendus sportifs, elle s'intéresse aujourd'hui aussi à la finance et à l'immobilier. Trois domaines qui ont en commun de reposer sur une solide base statistique. Le résultat est factuel, mais «assez proche des dépêches de l'Associated Press», jugeait en mars 2011 dans le Monde Nick Allen, qui a participé au développement du logiciel. Surtout, l'algorithme de Narrative Science est d'une rapidité imbattable - moins de deux minutes sont nécessaires pour produire un article - et d'un coût modique, aux alentours de 10 dollars les 500 mots.Deux qualités cruciales, alors que la presse cherche à réduire ses coûts. Selon le New York Times, Narrative Science compte à ce jour une vingtaine de clients, dont la plupart souhaitent garder l'anonymat. La chaîne de télévision sportive américaine The Big Ten Network recourt notamment à ce logiciel pour couvrir davantage de compétitions locales. Dans le quotidien américain, l'un des directeurs de Narrative Science, Stuart Frankel, assure que «la plupart du temps, nous faisons ce qui, autrement, n'aurait pas été fait». L'entreprise cite, à titre d'exemple, les résultats de petites sociétés qui n'intéressent qu'un public très spécialisé. L'un des chercheurs à l'origine de ce logiciel dont la qualité a vocation à être sans cesse améliorée, Kris Hammond, n'en nourrit pas moins l'ambition de décrocher un prix Pulitzer d'ici cinq ans.
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