Les revenus de la musique ont continué de baisser en 2012 en France. Mais l'essor du numérique donne de nouvelles perspectives de croissance.
Les majors de la musique n'osent pas encore le clamer. Mais après dix
ans de crise sévère, de ventes réduites de moitié en France, de
concentrations dans le secteur et d'effectifs saignés, elles retrouvent
peu à peu le moral. Alors que s'ouvre à Cannes le Midem, le marché international de la musique, voici quelques-uns de ces signes encourageants.
Le résultat est frappant: en 2012, pour la première fois, la plus grosse major du monde, Universal Music, a généré environ autant de chiffre d'affaires grâce au numérique que par les ventes physiques. Promise de longue date, cette bascule entre les revenus du CD et du numérique se concrétise.
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Le numérique tient enfin ses promesses:
Le résultat est frappant: en 2012, pour la première fois, la plus grosse major du monde, Universal Music, a généré environ autant de chiffre d'affaires grâce au numérique que par les ventes physiques. Promise de longue date, cette bascule entre les revenus du CD et du numérique se concrétise.
Tour à tour, les signaux repassent au vert dans plusieurs pays. Aux États-Unis, il ne s'est jamais vendu autant de morceaux et d'albums de musique qu'en 2012. En Suède, terre du service de streaming Spotify, les revenus de la musique ont bondi de 14 % en 2012 et atteint leur meilleur résultat depuis 2005. En Norvège, les chiffres sont aussi excellents et le marché est reparti à la hausse, une première depuis 2004.
La France n'en est pas encore là. Le chiffre d'affaires de la musique a encore baissé l'an dernier, dans des niveaux comparables à ceux de 2011 (-3,9 %), et le numérique ne représente toujours que le quart des ventes. Mais les acteurs de la filière reprennent aussi confiance. «On voit que le numérique commence à compenser la baisse du disque, que ce modèle fonctionne», se réjouit Thierry Chassagne, patron de Warner Music France, qui s'attend à un retour à la croissance l'an prochain. L'IFPI, l'association de l'industrie phonographique, fait les mêmes pronostics à l'international. Une hausse des ventes mondiales de musique serait du jamais-vu depuis 1999.
Le piratage est en baisse:
Ces bonnes ventes de musique accompagnent une autre victoire. Première touchée par le piratage de masse, la musique est sur le point de s'en sortir. En France, «on n'arrive plus à trouver 25 000 adresses Internet de pirates par jour pour les transmettre à l'Hadopi», souligne Pascal Nègre, nommé responsable des nouveaux métiers d'Universal Music. Bien sûr, les pirates ont pu basculer des réseaux de pair à pair vers d'autres modes de consommation illégale, plus discrets.
Mais un récent sondage de l'Ifop commandé par l'Hadopi montre que la musique est désormais nettement moins touchée par le piratage que le cinéma. Les internautes ont toute une palette d'offres légales devant eux, depuis le streaming gratuit financé par la publicité jusqu'aux abonnements et aux achats à l'acte. «On a drainé beaucoup de gens depuis le piratage vers le légal avec de telles solutions», avance Axel Dauchez, PDG de Deezer.
De nouveaux territoires:
À plus long terme, la bascule vers le numérique pourrait produire des effets inespérés. Le chiffre d'affaires de la musique était historiquement concentré dans une poignée de pays: États-Unis, Japon, Grande-Bretagne, France et Allemagne. Le numérique, couplé aux smartphones, permet de toucher des publics jusqu'alors inatteignables. Et de vendre de la musique dans des territoires qui n'ont jamais rapporté un centime.
En décembre, Apple a ouvert son iTunes dans 52 pays supplémentaires, doublant sa couverture. Il est possible de télécharger des morceaux en Thaïlande, en Inde ou en Afrique du Sud. En Russie, où le service a également été lancé, le chiffre d'affaires de la première semaine a été supérieur à celui de la France. Deezer, qui vient de se lancer au Brésil, y a réalisé ses deuxièmes meilleurs recrutements le week-end dernier. «Ces nouveaux pays vont devenir de très forts contributeurs au marché, par leur potentiel démographique et leur amour de la musique», parie Axel Dauchez, qui a choisi de se déployer sur ces terrains, plutôt qu'aux États-Unis.
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