Les actionnaires historiques du Crédit immobilier de France reprennent
le pouvoir au sein de l'entreprise en difficultés. Comme en témoigne la
nomination cet après-midi du président des 56 Sacicap propriétaires du
Crédit immobilier de France, Yannick Borde, lequel avait déjà succédé à
Claude Sadoun à ce poste en octobre dernier. En mettant cet homme du
sérail à la place de Michel Bouvard, nommé par l'Elysée à la fin de
l'année dernière pour gérer la situation de crise, le conseil
d'administration du CIF envoie un message clair : après l'éviction du
nouveau patron décidée jeudi par les actionnaire de la banque réunie en
assemblée générale, place à une solution concoctée en interne et par les
propriétaires de l'établissement. Une sorte de camouflet donc pour
l'Etat, même si les mêmes actionnaires du CIF ont accepté le processus
de garantie offert par Bercy. Une partie de bras de fer semble en effet
s'installer entre ces deux parties prenantes. Et ce, autour d'un sujet
certes crucial : les Sacicap ne veulent pas qu'en échange de la garantie
offerte par l'Etat, celui-ci ne mette la main sur 2,5 milliards de boni
logés au sein du CIF.
-->
Quelle va être maintenant la position de Yannick Borde ? Sachant que
Michel Bouvard avait commencé à essayer de mettre sur pied le projet
d'une banque exclusivement consacrée au financement des projets
immobiliers des ménages défavorisés. Et ce, afin de profiter du savoir
faire développé par les salariés du CIF au fil des années. Une manière
aussi de conserver l'essentiel des effectifs de l'établissement
financier, soit 2.500 personnes. Projet qui n'avait, certes, pas les
faveurs de tous les responsables de Bercy. Cette initiative se heurtait,
il est vrai, à un problème majeur : l'absence d'un partenaire financier
de poids, susceptible de porter le projet. Michel Bouvard avait bien
tenté de mettre la Banque Postale dans la boucle, mais celle-ci s'était à
nouveau dérobée après avoir déjà refusé de reprendre le dossier dans sa
totalité.
Dans le communiqué annonçant l'arrivée de Yannick Borde, il est
notamment dit que le conseil d'administration demande que la nouvelle
gouvernance s'inscrive dans la continuité "au regard des actions
entreprises lors des derniers mois sur le volet social afin de mettre en
place le meilleur accompagnement possible pour les salariés du groupe
dans le cadre de la gestion extinctive des activités historiques du
CIF". Le conseil précise également qu'il regardera avec la plus grande
attention toutes les pistes permettant de faire "émerger des solutions
de reprise des savoir faire uniques et des activités du groupe dans le
cadre du Protocole" (de garantie).
A voir maintenant comment l'Etat va réagir à cette sorte de pied de nez.
Sachant que sans son aval et sa protection, le CIF ne peut pas faire
grand chose. Surtout depuis que les agences de notation ont mis sous
surveillance négative la note de cet établissement qui a besoin de
l'oeil clément des marchés de capitaux pour pouvoir assurer le
financement de ses prêts. il ne fait aucun doute, de même, que
l'éviction de Michel Bouvard et l'arrivée de ce nouveau président va
retarder le processus de restructuration. Alors même que la garantie de
l'Etat est provisoire. Soit une très mauvaise nouvelle pour les salariés
qui se demandent comment ces querelles de pouvoir vont se terminer. et
sur le dos de qui.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire