Alexandre Loukachenko, le président biélorusse, est à la tête du régime le plus autoritaire du continent européen.
Depuis lundi, les responsables économiques du pays font le tour des capitales européennes pour lever de l'argent frais afin de financer la dette externe. Une opération délicate politiquement.
C'est en parias de l'Union européenne que des officiels biélorusses font depuis le début de la semaine, en catimini, la tournée de plusieurs places financières occidentales, en quête d'argent frais. De Londres à Genève, en passant par Zurich, les responsables de ce petit pays, doté du régime le plus autoritaire de tout le continent européen, tentent de persuader les investisseurs européens de souscrire à plus de 500 millions dollars d'euro-obligations. «Si le road show est positif, nous émettrons des obligations», avait déjà annoncé de longue date, la présidente de la Banque centrale, Nadejda Ermakova. Le seul moyen pour la Biélorussie de solder sa dette externe et d'honorer ses créanciers.
En 2013, Minsk doit rembourser 3 milliards de dollars à ces derniers, dont la Russie - à travers le Fonds eurasiatique - et le FMI arrivent en tête. Moscou a promis de prolonger son aide dans les prochains mois, mais le Fonds, excédé par l'insuffisance de réformes structurelles, a préféré s'abstenir. Dans ce contexte, «il est logique que la Biélorussie sorte sur le marché de la dette», justifie Artem Birioukov, économiste à HSBC. D'ailleurs, à l'automne dernier, Minsk avait déjà fait de même sur les places financières asiatiques. Si l'équation économique est simple, l'affaire européenne, en revanche, devrait être plus compliquée.
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Acheter la paix sociale:
La Biélorussie du président Alexandre Loukachenko,
qui a expédié des dizaines d'opposants en prison après les élections de
décembre 2010, dégage à Bruxelles, un parfum de souffre. La plupart de
ses dirigeants - plus de 200 personnes dont Loukachenko lui-même, au
pouvoir depuis 18 ans - sont interdits de séjour sur le territoire de
l'UE, et leurs avoirs sont gelés. À la différence des deux principaux
établissements russes, VTB Capital et Sberbank, les banques européennes
ont refusé de participer à cette émission obligataire. Déjà, il y a un
an et demi, inquiets de la tournure politique, la BNP, la Royal Bank of
Scotland et la Deustche Bank avaient plié bagages.
«Par rapport au
risque minime que représente la dette biélorusse, l'opération devrait
être attractive. Un bon bénéfice est à attendre mais il vrai qu'il
existe un autre risque - politique - pour les investisseurs», concède un
analyste, sous couvert d'anonymat. Après avoir frôlé la banqueroute en
2011, avec une inflation record de 108%, la Biélorussie a recommencé à
puiser dans le budget pour acheter la paix sociale. Et le surnom de
«dernier dictateur d'Europe», qui colle à la peau de son président,
n'est pas fait pour rassurer les Occidentaux.
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