Les caisses des régimes Agirc (cadres) et Arrco (salariés) ont besoin de 7 à 10 milliards d'euros d'ici à 2017.
Syndicats et patronat ont à nouveau rendez-vous ce mercredi pour esquisser des solutions - forcément douloureuses - pour éviter la faillite à l'Arrco-Agirc. Le gouvernement «laisse patauger» les partenaires sociaux, déplore la négociatrice de la CFE-CGC.
S'il y a un dossier que le gouvernement laisse volontiers aux partenaires sociaux, c'est bien celui des retraites complémentaires.
Patronat et syndicats - qui gèrent les régimes Agirc (pour les cadres)
et Arrco (pour tous les salariés du privé) - tentent de s'entendre
depuis deux mois pour sauver le système au bord de la faillite. Une
nouvelle réunion a lieu ce matin au siège du Medef. Et, contrairement
aux négociations sur l'emploi où l'exécutif s'était montré très présent,
voire pesant, «il nous laisse patauger», témoigne Danièle Karniewicz, la chef de file de la délégation CFE-CGC.
On
comprend pourquoi. Outre que le temps des régimes complémentaires est
compté (il faut trouver entre 7 et 10 milliards d'euros d'ici à 2017),
les solutions aujourd'hui sur la table sont douloureuses et surtout
impopulaires. Il n'y a qu'à regarder les propositions, en trois étapes,
du patronat pour s'en persuader.
Premièrement, désindexer partiellement les pensions de l'inflation pendant
cinq ans pour limiter leur hausse. Deuxièmement, jouer sur les
différents leviers - et surtout sur l'âge de la retraite - pour
équilibrer le système à moyen terme. Et enfin, si nécessaire, envisager
alors une hausse des cotisations.
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Éclaireurs en terrain miné:
Les
syndicats tentent de construire un front unifié mais l'exercice se
révèle des plus laborieux. «Nous allons souffrir durant les discussions
car nous sommes loin d'être en phase», reconnaît un négociateur. À
gauche du spectre syndical, la CGT ne veut parler que de hausse des
cotisations patronales et de taxation du capital. «Hors du champ des
possibles», fait valoir Jean-Louis Malys, le «M. Retraite» de la CFDT,
qui ne rejette pas pour sa part en bloc les solutions patronales. Son
nouveau secrétaire général, Laurent Berger, a d'ailleurs tracé, lundi dans un entretien aux Échos,
la ligne rouge à ne pas franchir: «Sur une désindexation, il faudra
distinguer les pensions les plus basses des plus élevées quant à
l'effort à supporter». Et épargner les «retraités modestes», dont les
revenus sont inférieurs à 1250 euros - en majorité de femmes seules qui
rognent sur leur complémentaire santé et leur chauffage pour boucler
leurs fins de mois, selon une étude réalisée par la centrale du
syndicat. La CFDT préfère mettre à contribution ceux qui gagnent plus -
bref, les cadres. «Il faut leur demander plus d'efforts, concède
d'ailleurs Danièle Karniewicz, mais il faut sauvegarder le niveau des
retraites de ce régime, sinon les cadres et le personnel encadrant
auront bientôt intérêt à sortir du système et à cotiser pour eux-mêmes.»
Reste
que les partenaires sociaux sont d'autant plus gênés aux entournures
que le calendrier choisi par le gouvernement pour «la nouvelle réforme»
du régime général des retraites (des consultations jusqu'à la fin de
l'année 2013) les place en situation d'éclaireurs en terrain miné. Car,
si l'exécutif ne dit rien ou presque pour l'instant sur ses intentions,
syndicats et patronat le soupçonnent de vouloir appliquer au régime
général les décisions impopulaires qu'ils devront prendre d'ici à fin
mars pour les complémentaires - comme désindexer les pensions. Sur le
mode «ils nous ont montré la voie».
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