Bercy pourrait valider en amont les schémas fiscaux des entreprises.
Changer les relations entre le fisc et les sociétés: tel est
l'objectif, ambitieux, que s'est fixé Bercy. Actuellement, c'est surtout
lors de contrôles fiscaux que les chefs d'entreprise et les agents du
fisc se rencontrent. Rien d'étonnant, dans ces conditions, qu'une
méfiance réciproque règne entre les deux protagonistes.
Le fisc
veut inverser le processus et établir des relations de confiance. Il va
proposer un contrat aux entreprises. Celles qui décideront de le signer
- tout se fera sur la base du volontariat - transmettront régulièrement à
l'administration leurs données comptables et financières. Et elles lui
soumettront leurs choix fiscaux. Le fisc devra alors leur répondre (sous
trois mois pour les PME et neuf mois pour les autres entreprises) pour
valider ou non ces choix. En cas de validation, cette dernière sera
définitive: l'entreprise aura la garantie de ne pas subir de contrôle
fiscal sur ces points. Une sécurité appréciable.
-->
Un coût pour les PME:
Sur
le modèle de ce qui se fait aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni, l'idée est
donc de développer les échanges en amont pour éviter des redressements
ultérieurs. Ce projet sera expérimenté avec quelques entreprises
volontaires cette année, puis généralisé par la suite si tout se passe
bien. Le Medef affirme avoir déjà des volontaires. De fait, cette idée
de nouvelles relations avec le fisc recueille l'assentiment des
organisations patronales, qui ont été largement consultées sur le sujet.
«La sécurisation juridique est une très bonne chose. Nous préférons des
échanges réguliers avec le fisc à des relations ponctuelles de
sanction», souligne-t-on au Medef. Où on note toutefois une inquiétude
sur le coût de ces échanges pour les PME. Un point confirmé par
Jean-François Roubaud, le président de la CGPME,
l'organisation dédiée aux PME. «Je ne suis pas certain que ce projet
intéresse les petites entreprises dans la marche normale de leurs
affaires. Ces précontrôles du fisc seraient une charge de travail en
plus pour elles. Ce système est plus adapté à des sociétés plus grandes,
qui pourront faire valider le schéma fiscal de fusion-acquisition, de
restructuration.»
Ce projet suppose aussi quelques réorganisations
aux Impôts, et surtout un changement de mentalité. Collaborer avec les
chefs d'entreprise n'est pas forcément dans l'ADN des agents du fisc.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire