Entre la taxe sur les bonus et l'affaire Abacus, la banque américaine a dû faire face à 1,1 milliard de dollars de charges exceptionnelles. Mais ses performances restent décevantes et en deçà des attentes des marchés.
La morosité de l'environnement a fini par rattraper Goldman Sachs. Après avoir suscité l'indignation pour ses profits record au coeur de la crise, celle qu'on surnommait « The Firm » a vu ses résultats s'effondrer au deuxième trimestre : son bénéfice net a chuté à 613 millions de dollars, soit 82 % de moins que les 3,4 milliards d'euros dont elle pouvait encore se vanter l'année dernière. Un résultat très en deçà des attentes.
Le résultat comporte des éléments exceptionnels significatifs puisqu'ils atteignent 1,1 milliard de dollars. Outre la taxe de 50 % sur les bonus de plus de 25.000 livres dont la banque a dû s'acquitter au Royaume-Uni, et dont la note s'est élevée à 600 millions de dollars au deuxième trimestre, Goldman a dû déduire de ses revenus les 550 millions négociés pour mettre fin au procès pour fraude engagé à son encontre par la Securities and Exchange Commission (SEC), payant ainsi le prix de ses opérations controversées durant la crise des « subprimes ». Accusée d'avoir caché aux investisseurs le rôle de son client, le « hedge fund » Paulson & Co., dans la sélection des produits logés dans le CDO « Abacus », vendu alors même que le fonds spéculatif en question pariait sur l'effondrement des crédits immobiliers américains, la banque avait admis avoir fait une « er reur » dans la présentation de son produit et accepté de payer cette somme en échange de l'abandon des poursuites par le régulateur américain.
Des performances décevantes:
En dehors de ces charges exceptionnelles, les performances restent toutefois décevantes. Les revenus liés aux activités de marché notamment, qui avaient jusqu'à présent protégé Goldman Sachs des remous de la crise, ont chuté de 39 % par rapport à 2009. La banque a souffert tant dans les métiers obligataires que dans les actions. Les premiers enregistrent des revenus en recul de 35 %, à 4,4 milliards de dollars, tandis que les revenus dans les actions ont chuté de 62 %, à 1,21 milliard de dollars, du fait notamment de la grande volatilité qui a prévalu au mois de mai. Parallèlement, les revenus de la banque d'affaires (fusions-acquisitions et marchés primaires) ont accusé une baisse de 36 %. Même en excluant les charges exceptionnelles, la rentabilité des fonds propres (annualisée) est ramenée à seulement 9,5 %, contre 25 % en moyenne sur les quatre trimestres précédents. Pour le directeur financier de la banque, David Viniar, le recul de l'activité est lié aux incertitudes macroéconomiques, et non au procès dont Goldman a fait l'objet sur le CDO Abacus.
Ces performances ont néanmoins soulevé des questions sur la solidité du modèle. « Nous avons toujours été habitués à ce que Goldman fasse mieux que la tendance, mais il semble que ce trimestre, ils ont été plus perméables aux difficultés de l'industrie, a estimé Walter Todd, gérant chez Greenwood Capital Associates, cité par Reuters. Peut-être Superman est-il en train de se changer en Clark Kent ! » Ces résultats ont été fraîchement accueillis en début de séance à Wall Street : l'action a perdu jusqu'à 2,83 % avant de se reprendre.
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