Pour les Espagnols, Amancio Ortega est l'archétype de l'autodidacte.
Pour les Espagnols, Amancio Ortega est l'archétype de l'autodidacte. Un hombre hecho a si mismo. Le fils de cheminot devenu septième fortune mondiale. L'adolescent qui vivotait en livrant des chemises de luxe devenu milliardaire en confectionnant… des vêtements bon marché!
Né dans la province de Leon en 1936, au début de la guerre d'Espagne, le jeune Amancio a connu les années noires de l'après-guerre. Dans sa biographie autorisée, il évoque un souvenir qui l'a profondément marqué. Alors qu'il a 12 ans, il entend l'épicier s'excuser auprès de sa mère de ne plus pouvoir lui faire crédit. Amancio se promet alors de ne plus jamais connaître la faim. Il abandonne l'école pour accepter un emploi de livreur dans une boutique de chemises pour hommes à La Corogne.
Une bête de travail:
Ortega ne quittera plus le textile. Il dessine ses premiers modèles et les propose à ses employeurs. Il est alors assisté par sa sœur, son frère, sa belle-sœur et celle qui deviendra son épouse, Rosalia Mera. Le premier article est une robe de chambre, vendue - déjà! - moitié moins cher que chez la concurrence… De fil en aiguille, le petit groupe monte un atelier, puis une boutique, Goa, en 1963.En 1975, naît à La Corogne la première boutique Zara. Puis, tout s'accélère: multiplication des magasins dans les années 1970, internationalisation dans les années 1980 et 1990, introduction en Bourse en 2001, ouverture en 2010 de la boutique en ligne… À chaque fois, Ortega est aux commandes. Sa méthode: «J'ai toujours pensé que, pour avoir du succès, nous devions chaque jour mettre l'organisation sens dessus dessous.»
Une bête de travail en bras de chemise et un révolutionnaire aux pieds sur terre. Telle est en tout cas l'image qu'il projette. Car l'homme le plus riche d'Espagne est également l'un des plus discrets. Il a ainsi fallu attendre 1998 pour qu'Ortega accepte que soit diffusée une photo de lui! Il fuit les interviews comme la peste. On sait tout juste que le milliardaire apprécie les plaisirs simples, comme les œufs brouillés au chorizo et aux pommes de terre…
La discrétion entoure aussi sa vie privée. Deux fois marié, Ortega est père de trois enfants. Sa première épouse, Rosalia Mera, est cofondatrice d'Inditex et occupe la 258e place sur le classement Forbes des personnalités les plus riches du monde. Sa femme actuelle, Flora Pérez, était l'employée d'une boutique Zara, elle est devenue l'un de ses principaux conseillers. Elle lui a donné une fille et, dit-on, une possible héritière, Marta Ortega.
Le capitaine a pourtant cédé le gouvernail à son bras droit, Pablo Isla, qui a déjà indiqué le cap qu'il comptait suivre: «2011 sera une nouvelle année d'importants investissements destinés à faire grandir la compagnie et à créer des emplois.» La conquête de nouveaux marchés, en Asie notamment, et l'accélération de la vente par Internet font partie de ses priorités.
Marta Ortega, elle aussi, s'est beaucoup investie dans l'entreprise paternelle. Toutefois, à 27 ans, elle n'était sans doute pas prête à prendre la barre. Pas encore, nuancent certains analystes. Le trésor de guerre, en tout cas, lui revient. Amancio détient 60% d'Inditex, à travers la fondation Amancio Ortega. Et, en même temps qu'il cédait à Isla la gestion de l'entreprise, Ortega a offert à sa fille la présidence de la fondation. À Madrid et à La Corogne, les spéculations vont bon train sur l'avenir et les ambitions de chacun des supposés héritiers.
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