Autolib' accélère mais est loin de sa vitesse de croisière.

Actuellement 500 stations Autolib' et 1740 véhicules sont en service à Paris et en proche banlieue.


 Après cinq mois, le dispositif compte 5200 abonnés annuels. Il lui en faut 80.000.




Cinq mois après le lancement d'Autolib', le système de véhicules en libre-service ne rencontre pas encore un franc succès, loin de là. Certes, le nombre d'abonnés progresse, mais il reste largement insuffisant. Il s'élève ce mois-ci à 15.000 personnes, dont seulement 5200 ont souscrit un abonnement annuel, les autres ayant choisi des forfaits à la semaine ou à la journée. Les voitures ont été utilisées 118.000 fois depuis décembre.
L'homme d'affaires Vincent Bolloré, dont le groupe fournit les véhicules et les bornes de recharge, table sur 30.000 abonnés annuels à la fin de l'année. Mais, pour être rentable, Autolib' doit compter 80.000 utilisateurs se servant de la voiture deux fois par semaine pour une durée d'un peu moins d'une heure. Le groupe a en effet investi 100 millions d'euros au départ dans le dispositif, auxquels s'ajoutent 100 millions de coûts d'exploitation annuels (900 personnes ont notamment été recrutées au centre d'appels et sur les stations).
Côté finances, l'homme d'affaires breton se veut optimiste. Lors du lancement de ce système de voitures électriques en libre-service en région parisienne, début décembre 2011, il avait estimé qu'il faudrait sept ans pour atteindre l'équilibre financier. «Il est possible que ce soit plus tôt», a-t-il estimé mercredi. L'infrastructure se déploie rapidement dans 46 collectivités d'Ile-de-France, dont Paris, tandis que le nombre de stations a doublé depuis le démarrage, atteignant 500 stations en mai. Il doit encore être multiplié par deux (1050), d'ici à octobre. Le nombre de voitures électriques mises à disposition est lui passé de 250 à 1740 et est prévu pour monter à 3000 d'ici à la fin de l'année.
À fin avril, la Bluecar de Bolloré se classe d'ailleurs en tête des immatriculations de voitures électriques en France (avec 982 exemplaires), devant Nissan et Mia, sur un marché il est vrai balbutiant (1595 voitures). Bolloré souhaite cependant attendre une année de fonctionnement pour tirer un véritable premier bilan, commercial mais aussi technologique. Les batteries électriques, particulièrement sensibles à la température, «ont passé les grands froids, mais pas encore les grandes chaleurs estivales», souligne-t-il.
Pour l'heure, ce service séduit plutôt un public jeune: la moitié des abonnés ayant entre 18 et 35 ans. Assez logiquement, 70 % des utilisateurs n'ont pas de voiture. Plus difficile à expliquer: 75 % sont des hommes.

Peu de vandalisme:

Concernant la dégradation des véhicules, des couacs ont été rencontrés les premiers temps, «mais nous avons réussi à supprimer ces défauts de jeunesse», a assuré Vincent Bolloré. Les pare-chocs ont par exemple été remplacés par du matériel plus résistant. Les précédents se décrochaient facilement, car les automobilistes, peu habitués aux boîtes automatiques, peuvent avoir tendance à confondre le frein et l'accélérateur. Les rétroviseurs, les boutons de réglage des lève-vitres et la trappe de chargement ont également été modifiés. Par ailleurs, les voitures n'ont toujours pas de peinture, ce qui évite les risques de rayures et permet d'alléger la voiture de 5 kilos (une économie qui améliore l'autonomie). Au total, Autolib' compte 20 à 25 sinistres par jour.
Jusqu'à présent en revanche, «très peu» d'actes de vandalisme ont été déplorés, se félicite Vincent Bolloré, contrairement à ce qui a été observé pour les vélos en libre-service Velib'. Incident le plus spectaculaire: trois voitures ont été brûlées à Créteil, dans le Val-de-Marne.
Pour conquérir de nouveaux abonnés, Autolib' lance un forfait mensuel à 30 euros, plus 6 euros par demi-heure d'utilisation. Le forfait annuel revient à 144 euros, plus 5 euros les trente minutes de conduite.