Siège de la Reserve Bank of India, à Bombay.
Les étrangers hésitent de plus en plus à investir dans ce pays où l'inflation galope autour de 7 %.
Les nuages s'accumulent sur l'Inde. Le recul inattendu de 3,5 % de la production industrielle au mois de mars, alors qu'elle avait progressé de 4,1 % en février et de 9,4 % en mars 2011, est particulièrement menaçant. Bien que l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) note «des signes positifs plus forts» dans le pays, les indices d'un sérieux ralentissement de l'économie indienne se multiplient.
Le secteur manufacturier a reculé de 4,4 %, alors qu'il était en hausse de 11 % en mars de l'année dernière. Les ventes d'automobiles neuves, qui augmentaient de 19 % en avril 2011, n'ont progressé que de 3,4 % pour le même mois de cette année. Les clients préfèrent différer leurs achats à cause du coût des emprunts et de la hausse des prix du pétrole. Il est vrai aussi que le gouvernement, profitant du fait que le marché, avec 2,02 millions de véhicules vendus en 2011-2012, est l'un des plus gros dans le monde, a décidé de taxes immédiatement répercutées par les constructeurs sur les prix d'achat. Et que dans ce pays fort de 1,2 milliard d'habitants, 12 Indiens seulement sur 1000 possèdent une voiture.
Quant au pétrole, dont les importations représentent 80 % du brut consommé et ont augmenté de 47 % en 2011-2012, ce n'est pas seulement un fardeau pour le consommateur. C'est une pomme de discorde avec les États-Unis. Début mai, la secrétaire d'État Hillary Clinton a demandé au pays de réduire ses achats à l'Iran dans le cadre des sanctions contre la politique nucléaire du pays. Mais l'Inde a répondu qu'elle les avait déjà diminués «de façon substantielle» et que Téhéran restait une «source importante». De fait, elle dépend du brut iranien pour 12 % de ses importations.
Politique fiscale opaque:
Pour stimuler la croissance, la Reserve Bank of India (RBI), la banque centrale, a réduit en avril ses taux d'intérêt pour la première fois depuis trois ans. Mais entre mars 2010 et octobre 2011, elle les avait augmentés treize fois pour enrayer l'inflation, proche de 10 %. Aujourd'hui, la hausse des prix est retombée autour de 7 %, mais elle est encore supérieure aux 5 % à 6 % souhaités par les autorités monétaires. Elle «reste un risque et un défi», juge la banque HSBC. Tout comme la monnaie, la roupie, qui flirte avec son plus bas niveau face au dollar. La semaine dernière, pour enrayer sa baisse, la RBI a exigé que les tous les détenteurs de devises étrangères convertissent en roupies la moitié de leurs avoirs conservés dans les banques avant la fin du mois.Dans ce climat, les étrangers hésitent de plus en plus à investir. Ils dénoncent la politique fiscale opaque du pays. Le gouvernement vient ainsi d'annoncer son intention de modifier le régime fiscal qu'il veut imposer aux entreprises étrangères. En décembre, il était revenu sur une réforme visant à ouvrir le secteur de la distribution aux étrangers. Aujourd'hui, il ne s'est toujours pas prononcé sur les prises de participation, toujours interdites, des compagnies aériennes étrangères dans les compagnies nationales, alors que ces dernières ont perdu 1,9 milliard de dollars l'an dernier. Et, cerise sur le gâteau, l'Inde figure dans la liste des treize pays placés sur la liste noire des États-Unis en ce qui concerne la contrefaçon, le piratage et la propriété industrielle.
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