Alors que les députés européens veulent renforcer la réglementation des agences de notation, une étude de Bloomberg montre que la réaction des marchés va à l’inverse des décisions des agences dans 47 % des cas.
Les médias continuent de monter en épingle la moindre de leurs
décisions, mais les critiques sur les agences de notation mondiales ne
cessent de pleuvoir. Ces agences avaient attribué des triple-A à la
pelle à des produits dérivés de créances hypothécaires subprimes aux
États-Unis, qui se sont effondrés en 2007. Dernièrement, elles ont
rivalisé de sévérité vis-à-vis des États confrontés à d’importants
déficits. Pourtant, leur influence sur le taux d’intérêt des obligations
souveraines n’est pas démontrée. Dans près d’un cas sur deux, révèle une enquête de Bloomberg,
le rendement (mesurant la prime de risque) des obligations dégradées
diminue (ou il augmente alors que la note des obligations a été
relevée).
L’agence de presse financière a étudié un ensemble de
314 changements de notes d’États souverains, de l’Argentine à la Turquie
en passant par le Japon ou l’Italie, auxquels les agences Standard
& Poor’s et Moody’s ont procédé au cours des 38 dernières années.
Dans 47 % des cas, la réaction des marchés un mois après va en sens
inverse de la décision des agences. Le phénomène a été particulièrement
flagrant lors du retrait par S & P du triple-A des États-Unis l’an
dernier: jamais le pays n’a emprunté aussi peu cher depuis. De même,
alors qu’en 2010 l’agence avait confirmé le triple A français après
l’annonce d’un premier plan de rigueur incluant le report à 62 ans de
l’âge de la retraite, elle a commencé à s’alarmer l’année suivante du
risque systémique dans la zone euro et abaissé la note de la République
française. Là encore, les marchés n’ont pas pris acte, au contraire,
puisque le taux d’intérêt des bons du Trésor a reculé.
Ce n’est
d’ailleurs pas la première fois que la prédictivité des notes des
agences est mise en cause. De nombreux universitaires et des organismes
tels que la BCE se sont penchés sur le sujet avec méthode. Une analyse
récente du FMI a montré que les taux d’intérêts évoluaient dans la
direction théoriquement pressentie par les agences dans seulement 45 %
des cas.
L’avis des experts du Bourse: La Commission
des affaires économiques se prononcera ce mardi, sur un plan européen
intégrant trois objectifs: réglementer la manière dont les agences de
notation évaluent la dette souveraine, affaiblir la domination des trois
grandes agences et réduire l’ampleur des conflits d’intérêts. La
pertinence des notes des agences vis-à-vis des États est notoirement
défaillante. Il faut dire que les choix politiques et législatifs sont
impossibles à modéliser. Les fondamentaux d’un pays peuvent changer du
jour au lendemain et les agences ont toujours un train de retard. En
revanche, leur travail sur les corporates, ou obligations privées, est
plus probant. C’est un élément parmi d’autres à prendre en compte dans
l’analyse des comptes d’une entreprise, mais il ne faut pas baser sur
ces seules études pour juger de la solidité d’une entreprise.
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