«La bataille contre le chômage ne se gagne pas en
un mois mais sur la durée et nous ferons en sorte que ce soit au cours
de l'année 2013», a déclaré Michel Sapin, ministre du Travail.
La fausse stabilité de décembre n'y changera rien : 2012 restera comme la deuxième pire année en matière de chômage de l'histoire. Les seniors et les chômeurs de longue durée ont particulièrement souffert.
Pour une surprise, c'est une surprise… du moins à première vue. En décembre 2012, le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi
n'a pas varié: + 300 en catégorie A, alors que la tendance était à
+ 30.000 par mois depuis un an. «Cette stabilité est appréciable, a
immédiatement commenté Michel Sapin. Pour autant, elle ne marque pas une inversion de la tendance à la hausse observée depuis 2008.»
Le
ministre du Travail aurait en effet tort de se réjouir, car cette
stagnation inattendue du nombre de chômeurs s'explique par la très forte
hausse des sorties de Pôle emploi en décembre, et notamment des
radiations (+24,5 %) et des cessations d'inscription pour défaut
d'actualisation (+5,9 %). Deux raisons que les socialistes décriaient
lorsqu'elles permettaient à l'exécutif précédent de se féliciter de
données un peu moins pires que le mois précédent.
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2012, année noire:
Malgré
la stagnation de décembre, 2012 restera comme une année noire en
matière de chômage: + 284.600 inscrits à Pôle emploi en catégorie A,
soit la deuxième pire progression enregistrée depuis au moins 1996 (le
ministère du Travail n'a pas reconstitué ses séries au-delà). Et si on
prend en compte les chômeurs en activité réduite (qui travaillent plus
ou moins de 78 heures par mois), non seulement le nombre d'inscrits
progresse encore de 10.200 en décembre, mais il frôle désormais les
4,63 millions en France métropolitaine. Un record.
La situation
est même plus dramatique encore pour deux catégories de chômeurs, qui
ont encore plus souffert qu'en 2009. Il s'agit des demandeurs d'emploi
de plus de 50 ans, dont le nombre a progressé de 106.700 en 2012, soit
une progression supérieure d'un tiers à celle enregistrée il y a trois
ans. Au total, près de 700.000 chômeurs seniors sont aujourd'hui
inscrits à Pôle emploi, contre moins de 450.000 fin 2009. Là encore, du
jamais-vu. La deuxième catégorie dont le devenir est quasi désespéré est
celle des «chômeurs de très longue durée», sans emploi depuis plus de
trois ans. Leur nombre a en effet explosé de 72.700 en 2012, soit
3,5 fois plus que la hausse recensée en 2009, et dépasse le
demi-million, contre moins de 295.000 il y a trois ans à la même époque.
Pas d'inversion en 2013:
Difficile,
donc, dans ces conditions de crier cocorico. Surtout que l'avenir ne
s'annonce pas plus rose. Dans ses dernières prévisions, l'Unedic
table en effet sur une hausse d'au bas mot 185.500 inscrits en
catégorie A en 2013 si la croissance atteint 0,1 %, un taux huit fois
inférieur à celui encore affiché par le gouvernement pour cette année
mais calé sur celui du consensus des économistes.
Pour inverser la tendance d'ici à la fin de l'année comme l'a promis le chef de l'État, il faudra donc plus à François Hollande
que les traditionnels outils de traitement social du chômage mis en
œuvre depuis mai 2012. À savoir 100.000 emplois d'avenir en 2013, une
rallonge de 120.000 contrats aidés par rapport aux 400.000 budgétés par
l'exécutif précédent, pas plus de 50.000 contrats de génération (sur les
500.000 du quinquennat)…
Même l'accord emploi conclu par les
partenaires sociaux le 11 janvier ne lui sera pas d'un grand secours car
ses effets, progressifs mais limités, ne se feront pas sentir avant
2014, au mieux. Le retour de la croissance est bel et bien crucial.
UE: 700.000 emplois vacants:
La
Commission européenne et des grandes entreprises de haute technologie
ont signé vendredi un pacte pour contribuer à combler les 700.000
emplois vacants du secteur. «Le déficit de compétences dans le numérique
s'accroît, tout comme le nombre de demandeurs d'emplois, a commenté la
commissaire aux Télécoms Neelie Kroes. Nous devons éviter de nous
retrouver avec une génération perdue et une Europe non compétitive.» Les
sociétés se sont engagées à offrir des formations, un enseignement
universitaire en ligne gratuit ou à apporter un financement de
démarrage. Participent à ce programme Hewlett-Packard, Telefonica, SAP,
Cisco Systems, Nokia, Alcatel-Lucent, Telenor et ARM.
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