L'agence de notation Standard & Poor's attribue un satisfecit aux pays les plus endettés de la zone euro qui «se rééquilibrent rapidement», grâce notamment à un redémarrage de leurs exportations.
C'est par eux que la crise financière de la zone euro
avait éclaté en 2009, et ils se portent aujourd'hui beaucoup mieux. En
tout cas ils ont nettement amélioré leur position compétitive externe.
L'agence S & P dresse des louanges aux cinq pays les plus endettés de l'Euroland, l'Espagne, l'Estonie, la Grèce, l'Irlande et le Portugal.
«Ils
sont en train de rééquilibrer plus rapidement leurs économies que nous
l'avions anticipé», affirme l'agence de notation, dans son étude
annuelle sur le rééquilibrage des pays de la périphérie de l'Union
monétaire.
Mieux, «à l'exception notable de la Grèce, ce sont les
exportations qui mènent cet ajustement, alors que les coûts unitaires de
production reviennent à des niveaux plus compétitifs», estime Frank
Gill, l'analyste qui a dirigé les travaux.
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L'Irlande affiche une performance qualifiée d'«exceptionnelle»:
De
façon fort significative S & P met de côté les problèmes de
finances publiques pour s'intéresser exclusivement aux problèmes de
compétitivité, qui tout particulièrement dans une union monétaire sont
essentiels. L'étude prend en compte quatre critères: l'amélioration de
la balance des paiements, la progression des exportations par rapport à
2008, l'évolution des coûts salariaux, et également les investissements
étrangers dans le pays qui expriment son attractivité.
Au total l'Irlande affiche une performance qualifiée d'«exceptionnelle», et dans une moindre mesure l'Estonie.
Ces deux pays sont salués pour «la flexibilité et l'ouverture de leurs
économies». Les Irlandais, qui ont réalisé les plus gros sacrifices
salariaux, ont non seulement des exportations en forte progression, mais
ils sont aidés par des investissements étrangers importants, dans les
technologies de l'information et aussi dans le secteur bancaire.
L'Espagne
bénéficie d'un redémarrage rapide «de ses exportations de biens et
services, supérieures de 19% à leur niveau de 2008». Ainsi, «pour la
première fois depuis 14 ans, le pays enregistre un excèdent de sa
balance mensuelle des paiements courants». En matière de coûts
salariaux, leur réduction traduit la montée du chômage bien plus que la
baisse des salaires nominaux proprement dits, tempère S & P.
La Grèce reste à la traîne:
Le
Portugal se caractérise quant à lui par un redéploiement des ses
exportations à l'extérieur de la zone euro, sur «des destinations telles
que la Chine, le Brésil, l'Angola, le Mozambique et les États-Unis». Au
total ses ventes à l'étranger devraient avoir progressé de 40% en 2013
par rapport à 2008.
La Grèce
reste encore à la traîne, malgré une baisse de 9% en 2012 de ses coûts
salariaux. L'amélioration de ses comptes extérieurs traduit plus une
contraction de ses importations qu'une augmentation de ses exportations.
Pour
l'ensemble des cinq pays, qui sur les marchés financiers avaient donné
lieu à l'acronyme insultant de Pigs (cochons en anglais, pour Portugal,
Ireland, Greece et Spain), le rééquilibrage de l'économie vis à vis de
l'extérieur devrait être le gage de «perspectives de croissance»
meilleures.
En clair les remèdes à l'huile de foie de morue
portent leur fruit. L'agence de notation reste toutefois prudente,
mettant l'accent sur deux inconvénients majeurs. D'une part «les taux de
chômage élevés - juste en dessous de 27% en Espagne, 16% au Portugal,
15% en Irlande - constituent une menace à la cohésion de l'Europe». Par
ailleurs la croissance des exportations est de bon aloi, mais elle
comporte un aspect pervers dans la mesure où l'export ne contribue pas à
améliorer les comptes publics (les exportations sont exemptes de TVA).
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