David Cameron, au sommet de Bruxelles.
Le compromis sur un budget d'austérité se dessine au sommet européen. Mais c'est au prix de tensions politiques voire personnelles qui risquent de laisser des traces entre François Hollande et David Cameron bien sûr, mais aussi avec Angela Merkel.
Au bout d'une nuit blanche, le compromis sur un budget d'austérité se dessine
au sommet européen de Bruxelles. Mais c'est au prix de tensions
politiques voire personnelles qui risquent de laisser des traces entre François Hollande et David Cameron bien sûr, mais aussi avec Angela Merkel.
Au
petit matin, les Vingt-Sept semblaient tout proches d'un accord sur des
dépenses totales d'un peu plus de 908 milliards jusqu'en 2020
(paiements réels), un chiffre plus proche des exigences de Londres que
des lignes rouges successivement tracées par Paris. Pour boucler le
budget et aller jusqu'au bout, les Vingt-Sept devaient maintenant
négocier chapitre par chapitre, un donnant-donnant impitoyable qui
pourrait les occuper une bonne partie de la journée.
Derrière les
chiffres, c'est un bras de fer politique opposant des visions
contradictoires de l'Europe qui a agité toute la nuit. Entre François
Hollande, promoteur d'un budget généreux, et David Cameron, chef de file
des sabreurs, le climat est resté glacial. Le rendez-vous, finalement
arrangé vers trois heures du matin, n'a pas vidé l'abcès.
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Côté britannique, le sentiment d'avoir été «snobé»:
Un
incident, que Paris et Londres cherchent à minimiser, témoigne de la
mésentente: jeudi soir, le président français a décliné un rendez-vous
de conciliation avec le premier ministre britannique, auquel l'invitait
le maître de séance Herman Van Rompuy. François Hollande a tout
simplement refusé de répondre au téléphone, selon The Guardian.
Du côté français, on évoque un agenda trop serré, le chef de l'État
s'étant entretenu au même moment avec l'Italien Mario Monti et
l'Espagnol Mariano Rajoy. Reste, du côté britannique, le sentiment
désagréable d'avoir été «snobé», d'autant que le président Hollande
avait prévenu à son arrivée: il était prêt à discuter, mais seulement
«jusqu'à un certain point».
Cette passe d'armes prévisible cache un arrière-plan plus inquiétant: la paralysie confirmée de l'axe franco-allemand.
Angela Merkel, partie prenante du rendez-vous de conciliation, a elle
aussi vainement attendu le président français, même si elle l'avait déjà
rencontré par ailleurs. «Le fond du problème, c'est un profond
désaccord politique entre Paris et Berlin, dit un responsable. Il finit
par gripper toute la machine européenne.»
«C'est toujours Angela Merkel qui fait pencher la balance»:
Dans les coulisses du sommet, des responsables regrettent ouvertement que François Hollande soit allé courtiser, mardi à Strasbourg,
le président socialiste du Parlement européen Martin Schulz; et, du
même coup, des eurodéputés qui songent sérieusement à censurer le
compromis arraché de haute lutte à Bruxelles. La chancelière, elle, n'a
peut-être pas apprécié que le président batte le rappel de ses alliés
Mario Monti et Mariano Rajoy, plutôt que de venir débattre au fond avec
elle et David Cameron.
De fait, loin des espoirs d'accord
préalable avec Berlin nourris à Paris, le grand marchandage budgétaire
n'a cessé de tourner à l'avantage de David Cameron. Le chiffre de 908
milliards d'euros, qui semblait acquis vendredi matin, est plus près des
exigences britanniques (905) que du plancher que l'Élysée croyait
pouvoir imposer (913). «Au bout du compte, c'est toujours Angela Merkel
qui fait pencher la balance», note un diplomate.
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