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lundi 7 mai 2012

Chambardement en vue dans l'audiovisuel public.

Le Parti socialiste veut revenir sur le mode de nomination des présidents des groupes médias publics. Il devra redéfinir les missions et le financement de France Télévisions.


Une fois de plus, le lourd dossier de l'audiovisuel public devrait être rouvert. François Hollande devra aussi trouver de nouvelles ressources financières pour la filière de la création audiovisuelle.

Nomination des présidents de l'audiovisuel public:

Les parlementaires socialistes ont suffisamment été opposés à la réforme de l'audiovisuel public initiée en 2008 pour ne pas reconsidérer en priorité ce dossier. Aurélie Filippetti, la responsable du dossier média pour le Parti socialiste, l'a dit: la nomination des présidents des groupes audiovisuels publics (France Télévisions, Radio France, INA et Audiovisuel extérieur de la France), qui relevait du chef de l'État sous le contrôle du Parlement et du Conseil supérieur de l'audiovisuel, sera changée. Pour garantir l'indépendance des groupes de médias publics, le Parti socialiste souhaite qu'à l'avenir, ce soit le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) qui retrouve son pouvoir de nomination. La symbolique est suffisamment forte pour que cette disposition légale qui remettra en jeu les mandats existants soit votée dans la foulée des élections. Mais, grand changement, le futur gouvernement de François Hollande entend revoir les règles concernant le mode de nomination des neuf sages du Conseil supérieur de l'audiovisuel. Aujourd'hui, un tiers sont nommés par le président de la République, un tiers par le président du Sénat et un tiers par celui de l'Assemblée nationale. À l'avenir, les membres seront nommés par les commissions des affaires culturelles de l'Assemblée nationale et du Sénat, à la majorité qualifiée des trois cinquièmes. Le pouvoir de sanction du CSA pourrait également être élargi notamment en ce qui concerne les chaînes privées.

Réforme de France Télévisions:

Le Parti socialiste entend clarifier les missions de France Télévisions. Le groupe public sera doté d'une nouvelle charte établissant ses missions. En ligne de mire, l'avenir de France 4. Le PS n'a jamais «compris» le projet éditorial de cette chaîne de la TNT à destination des jeunes adultes. Il entend bien créer une véritable chaîne jeunesse publique. Pour cela, il faudra rouvrir le dossier Gulli, chaîne jeunesse appartenant au groupe Lagardère et à France Télévisions et repositionner France 4. Quant au financement de France Télévisions, Aurélie Filippetti a toujours fait montre de prudence. Elle attend le verdict de Bruxelles concernant la taxe des fournisseurs d'accès destinée à financer France Télévisions. Si cette taxe est retoquée, l'État devra trouver 1 milliard d'euros pour la rembourser. Et cela fragilisera encore plus la future équation budgétaire de la télévision publique. Du coup, le PS n'exclut pas de maintenir la publicité sur France Télévisions avant 20 heures. Ce qui est certain, c'est que l'assiette de la redevance sera revue. L'idée est de l'élargir aux résidences ­secondaires qui seront soumises à une demi-redevance. De même, une réflexion pourrait être menée sur l'élargissement aux équi­pements permettant de recevoir la télévision y compris en mobilité.

Réforme de l'Audiovisuel extérieur de la France:

Mais la réforme de l'audiovisuel public va plus loin. Le Parti socialiste s'est toujours opposé à une fusion de la télévision France 24 et de radio RFI au sein de l'Audiovisuel extérieur de la France. Pour lui, l'autonomie de RFI doit être maintenue du fait de la force de la radio sur le marché africain. De même, TV5 Monde doit retrouver son autonomie initiale. Quant à France 24, si son existence n'est pas remise en cause, en revanche, une réflexion pourrait être menée autour d'une diffusion sur la TNT hertzienne nationale. Le dossier est d'autant plus brûlant qu'à ce jour, seulement un tiers des personnels de RFI ont accepté de déménager. Il sera désormais encore plus difficile à Alain de Pouzilhac, le PDG de l'AEF, de faire passer dans les faits une fusion pourtant juridiquement entérinée.

Taxer al-Jazeera:

Enfin, Aurélie Filippetti n'a pas caché son inquiétude devant l'arrivée d'un nouvel opérateur comme al-Jazeera aux poches réputées profondes, dans le paysage audiovisuel français. Le futur gouvernement souhaiterait que cette chaîne de sport qatarienne contribue au financement de la création. Une volonté qui sera difficile à satisfaire dans la mesure où le droit commercial interdit de taxer une société dont la mission sociale est le sport pour des activités autres comme la création audiovisuelle.

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