Chambardement en vue dans l'audiovisuel public.
Le Parti socialiste veut revenir sur le mode de nomination des présidents des groupes médias publics. Il devra redéfinir les missions et le financement de France Télévisions.
Une fois de plus, le lourd dossier de l'audiovisuel public devrait
être rouvert. François Hollande devra aussi trouver de nouvelles
ressources financières pour la filière de la création audiovisuelle.
Nomination des présidents de l'audiovisuel public:
Les
parlementaires socialistes ont suffisamment été opposés à la réforme de
l'audiovisuel public initiée en 2008 pour ne pas reconsidérer en
priorité ce dossier. Aurélie Filippetti, la responsable du dossier média
pour le Parti socialiste, l'a dit: la nomination des présidents des
groupes audiovisuels publics (France Télévisions, Radio France, INA et
Audiovisuel extérieur de la France), qui relevait du chef de l'État sous
le contrôle du Parlement et du Conseil supérieur de l'audiovisuel, sera
changée. Pour garantir l'indépendance des groupes de médias publics, le
Parti socialiste souhaite qu'à l'avenir, ce soit le Conseil supérieur
de l'audiovisuel (CSA) qui retrouve son pouvoir de nomination. La
symbolique est suffisamment forte pour que cette disposition légale qui
remettra en jeu les mandats existants soit votée dans la foulée des
élections. Mais, grand changement, le futur gouvernement de François
Hollande entend revoir les règles concernant le mode de nomination des
neuf sages du Conseil supérieur de l'audiovisuel. Aujourd'hui, un tiers
sont nommés par le président de la République, un tiers par le président
du Sénat et un tiers par celui de l'Assemblée nationale. À l'avenir,
les membres seront nommés par les commissions des affaires culturelles
de l'Assemblée nationale et du Sénat, à la majorité qualifiée des trois
cinquièmes. Le pouvoir de sanction du CSA pourrait également être élargi
notamment en ce qui concerne les chaînes privées.
Réforme de France Télévisions:
Le
Parti socialiste entend clarifier les missions de France Télévisions.
Le groupe public sera doté d'une nouvelle charte établissant ses
missions. En ligne de mire, l'avenir de France 4. Le PS n'a jamais
«compris» le projet éditorial de cette chaîne de la TNT à destination
des jeunes adultes. Il entend bien créer une véritable chaîne jeunesse
publique. Pour cela, il faudra rouvrir le dossier Gulli, chaîne jeunesse
appartenant au groupe Lagardère et à France Télévisions et
repositionner France 4. Quant au financement de France Télévisions,
Aurélie Filippetti a toujours fait montre de prudence. Elle attend le
verdict de Bruxelles concernant la taxe des fournisseurs d'accès
destinée à financer France Télévisions. Si cette taxe est retoquée,
l'État devra trouver 1 milliard d'euros pour la rembourser. Et cela
fragilisera encore plus la future équation budgétaire de la télévision
publique. Du coup, le PS n'exclut pas de maintenir la publicité sur
France Télévisions avant 20 heures. Ce qui est certain, c'est que
l'assiette de la redevance sera revue. L'idée est de l'élargir aux
résidences secondaires qui seront soumises à une demi-redevance. De
même, une réflexion pourrait être menée sur l'élargissement aux
équipements permettant de recevoir la télévision y compris en mobilité.
Réforme de l'Audiovisuel extérieur de la France:
Mais
la réforme de l'audiovisuel public va plus loin. Le Parti socialiste
s'est toujours opposé à une fusion de la télévision France 24 et de
radio RFI au sein de l'Audiovisuel extérieur de la France. Pour lui,
l'autonomie de RFI doit être maintenue du fait de la force de la radio
sur le marché africain. De même, TV5 Monde doit retrouver son autonomie
initiale. Quant à France 24, si son existence n'est pas remise en cause,
en revanche, une réflexion pourrait être menée autour d'une diffusion
sur la TNT hertzienne nationale. Le dossier est d'autant plus brûlant
qu'à ce jour, seulement un tiers des personnels de RFI ont accepté de
déménager. Il sera désormais encore plus difficile à Alain de Pouzilhac,
le PDG de l'AEF, de faire passer dans les faits une fusion pourtant
juridiquement entérinée.
Taxer al-Jazeera:
Enfin, Aurélie
Filippetti n'a pas caché son inquiétude devant l'arrivée d'un nouvel
opérateur comme al-Jazeera aux poches réputées profondes, dans le
paysage audiovisuel français. Le futur gouvernement souhaiterait que
cette chaîne de sport qatarienne contribue au financement de la
création. Une volonté qui sera difficile à satisfaire dans la mesure où
le droit commercial interdit de taxer une société dont la mission
sociale est le sport pour des activités autres comme la création
audiovisuelle.
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