François Hollande a soufflé le chaud et le froid pendant la campagne à l'égard des dirigeants qui ont l'État pour l'actionnaire.
• Pepy, «pape» du rail?
Nommé en 2008 à la tête de la SNCF dont il était le numéro deux, Guillaume Pepy a depuis fait figure de patron d'ouverture par excellence du mandat de Nicolas Sarkozy. L'ancien directeur de cabinet de Martine Aubry n'a donc rien à craindre de l'alternance à la tête de l'État. Et, sauf à être nommé à un autre poste, il devrait non seulement achever son mandat de PDG de la SNCF, programmé jusqu'en février 2013, mais rempiler à la tête d'une entreprise où il a fait l'essentiel de sa carrière et qu'il semble heureux d'incarner.Tout dépendra de l'accueil que le gouvernement réservera aux projets de réforme du rail poussés par Guillaume Pepy très en amont de l'échéance électorale. C'est lui qui a suggéré à sa ministre de tutelle, Nathalie Kosciusko-Morizet, d'ouvrir un «Grenelle du rail», un vaste débat qui s'est terminé cet hiver.
Le patron de la SNCF a deux grandes idées en tête. La première consiste à réorganiser en profondeur le rail français, en ramenant Réseau ferré de France (RFF), le gestionnaire du réseau ferroviaire, dans le giron de la SNCF. Objectif: mettre fin à une organisation jugée ubuesque et coûteuse. Mais ni RFF ni les concurrents de la SNCF ne l'entendent de cette oreille. La bataille sera donc rude entre Guillaume Pepy et Hubert du Mesnil, le patron de RFF.
Deuxième chantier, ultrasensible: la création d'un «cadre social harmonisé» pour les cheminots de la SNCF et les nouveaux entrants sur le marché français en cours d'ouverture à la concurrence. Au-delà de cette négociation globale, Guillaume Pepy veut obtenir le droit d'embaucher hors du statut de cheminot SNCF. Une façon de jouer à armes égales avec sa puissante concurrente, la Deutsche Bahn.
• Proglio en première ligne:
Henri Proglio.
Même si François Hollande a mis beaucoup d'eau dans le vin de l'accord PS-Les Verts sur le sujet, la position de défenseur acharné du nucléaire fragilise également le président d'EDF. Pendant la campagne, il s'est opposé vigoureusement à la fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), à laquelle s'est engagé le nouveau président de la République. Début avril encore, Michel Sapin avait semblé baisser le pouce vis-à-vis du dirigeant de l'électricien: «Est-ce que celui qui a expliqué que le projet Hollande coûterait des centaines de milliards (…) est le mieux placé en termes de crédibilité?»
Mais les jeux ne sont pas faits. Henri Proglio ne manque pas de relais à gauche. Il peut aussi arguer d'un bilan solide à la tête de l'électricien. Comme le souligne un bon connaisseur de l'entreprise publique, «la maison est tenue». Il fait référence également au climat social: Henri Proglio a toujours dialogué avec la puissante fédération CGT mines-énergie.
Derrière EDF, c'est aussi toute la filière nucléaire qui retient son souffle. En juin dernier, Luc Oursel, un ancien collaborateur de Pierre Joxe, a remplacé Anne Lauvergeon à la présidence du directoire d'Areva.
• D'ex-collaborateurs de Sarkozy sous surveillance:
Mercredi dernier, face à Nicolas Sarkozy, François Hollande n'a cité qu'un exemple de «parachutage» d'un proche du président sortant dans une entreprise: Dexia. Son patron Pierre Mariani, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy à Bercy en 1993-1995, est sur la sellette. Dès avant l'élection d'ailleurs, puisque la Belgique pousse à son départ et s'enflamme sur la question de ses indemnités. François Hollande ne devrait donc pas hésiter à donner gain de cause aux belges, partenaires de l'État français et de la CDC au capital de Dexia et surtout dans son sauvetage périlleux. Pourtant, Pierre Mariani, qui travaillait alors chez BNP Paribas, a été dépêché fin 2008 pour prendre le commandement d'un navire en perdition. Le «job», depuis trois et demi, n'a rien eu d'une sinécure et Mariani se voit bien le quitter. Mais pas être viré, ce qui reviendrait à lui attribuer les erreurs de la gestion d'avant 2008 qui menacent toujours aujourd'hui la banque.D'autres anciens collaborateurs de Nicolas Sarkozy, dont le parcours a toujours alterné public et privé, et revenus à l'entreprise dans le courant de la législature, pourraient se retrouver dans le viseur. Comme François Pérol, ancien secrétaire général adjoint de l'Élysée, missionné lui aussi en 2008 pour mettre de l'ordre dans une banque à la dérive, BPCE (Banques populaires Caisses d'épargne). L'ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde et ex-collaborateur de DSK à Bercy, Stéphane Richard, que François Hollande connaît, est aujourd'hui PDG de France Télécom ; son successeur à Bercy, Alexandre de Juniac, PDG d'Air France, est confronté, à ce titre, à la mise en œuvre d'un plan de restructuration à hauts risques. Les deux hommes semblent aujourd'hui moins dans le collimateur. Mais sous surveillance tout de même.
• Bailly serein à La Poste:
Jean-Paul Bailly.
Jean-Paul Bailly devrait donc s'adapter sans difficulté à la nouvelle donne politique, jusqu'au terme de son mandat fin 2014, quand il atteindra la limite d'âge des 68 ans. Reste à savoir si le prochain gouvernement revisitera son projet stratégique et notamment son ambition - actuellement entre parenthèses - de mettre en place un plan d'actionnariat salarié à La Poste.
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