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mardi 8 mai 2012

L'Espagne, l'économie qui inquiète la zone euro.

Mariano Rajoy, le premier ministre espagnol.
Mariano Rajoy, le premier ministre espagnol.


 Si la Grèce a ravivé lundi les tensions en zone euro, les préoccupations européennes sont depuis plusieurs semaines concentrées sur l'Espagne, qui accumule les mauvaises nouvelles.



Pour nombre d'observateurs, le premier défi de François Hollande sera de trouver un terrain d'entente sur le pacte de croissance européen avec la chancelière allemande. Mais le véritable sujet, à court terme pour le nouveau tandem franco-allemand, pourrait bien tourner autour de la résolution de la crise en Espagne. Si la Grèce a ravivé lundi les tensions en zone euro, les inquiétudes européennes sont depuis plusieurs semaines concentrées sur un autre pays du sud de l'Europe.
Depuis plusieurs semaines, Madrid accumule les mauvaises nouvelles: dérapage budgétaire lié à l'endettement des régions, chômage record à plus de 24%, secteur bancaire dans le rouge et retour en récession qui lui ont valu une nouvelle dégradation de Standard & Poor's le 27 avril. Le pays s'enfonce dans une spirale récessive, confirmée ce lundi par les chiffres de production industrielle qui a accéléré sa chute en mars, avec un recul de 7,5% sur un an.
«L'Espagne fait face à des problèmes structurels qui résultent de l'explosion de la bulle immobilière: déficit, chômage et une forte dette privée qui constitue une menace pour le risque souverain, précise Thibault Mercier de BNP Paribas. Le gouvernement a engagé des réformes très importantes mais il faut du temps pour retrouver la confiance.»
Madrid, qui a obtenu de Bruxelles de relever son objectif de déficit public pour 2012 de 4,4% à 5,3% du PIB, pourrait gagner un nouveau sursis. Amadeu Altafaj, porte-parole de l'exécutif européen pour les questions économiques, l'a laissé entendre ce lundi, précisant que la Commission y verrait plus clair après la publication le 11 mai des nouvelles prévisions de croissance. Les marchés sont en embuscade, prêts à sanctionner la dette espagnole. Si les taux à dix ans se sont détendus, ils flirtent toujours à des niveaux élevés, autour de 5,7%.

Sauvetage des banques:

L'enjeu pour Madrid est d'échapper à un sauvetage international qui verrait la mise sous tutelle de la troïka (Banque centrale européenne, FMI et UE). Un scénario catastrophe improbable à moyen terme, souligne Thibaut Mercier. «L'Espagne a une dette publique faible (70% du PIB) comparé à la moyenne de la zone euro, et le trésor a déjà rempli plus de la moitié de son programme de financement. Avec un taux d'intérêt moyen de 4,02% sur cette dette, Madrid a des marges pour s'endetter plus cher sur le reste de l'année», explique-t-il.
Pour rassurer les marchés, Mariano Rajoy s'appuie sur son programme d'austérité - plus de 47 milliards d'économies - et les réformes engagées: marché du travail, contrôle plus strict des finances des régions et restructuration bancaire. Le chef du gouvernement s'attaque cette semaine à l'épineux dossier des caisses d'épargne, les «cajas», plombées par les actifs immobiliers. Un plan sera annoncé d'ici vendredi, qui passera par l'injection de fonds publics, après avoir imposé aux banques début février d'effectuer 53,8 milliards d'euros de provisions. L'apport d'argent public se fera «seulement en dernier recours», a précisé Mariano Rajoy et «n'affectera pas le déficit public».

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