Arnaud Montebourg sur le site de Goodyear Amiens-Nord, en septembre 2011.
Depuis qu'est connue l'intention de la direction de Goodyear de fermer son usine, le ministre du Redressement productif est resté modéré dans ses propos, discret même.
Après Renault, et sa décision de supprimer 7500 emplois en France, le cas Goodyear sera-t-il une nouvelle occasion d'illustrer le virage sur l'aile opéré depuis le début de l'année par Arnaud Montebourg,
patent, même si l'intéressé s'en défend? De fait, ces derniers jours,
depuis qu'est connue l'intention de la direction de Goodyear de fermer
son usine, le ministre du Redressement productif est resté modéré dans
ses propos, discret même. Interrogé mercredi à l'Assemblée nationale, il
s'est gardé de toute envolée lyrique. Son objectif: «Éviter le pire».
Aux yeux d'Arnaud Montebourg, c'est «encore possible» par la négociation
avec les syndicats, la direction et le repreneur potentiel, l'Américain
Titan.
Ni menace, ni poing tapé sur la table, ni projet de nationalisation
temporaire. Comme dans le cas Renault, le principe de réalité s'impose
désormais. Les buts de guerre se sont adaptés: l'essentiel, c'est
«d'échapper à l'application d'un plan social», a expliqué Arnaud
Montebourg aux députés. Pas de plan social, c'était aussi l'acquis
revendiqué par Jean-Marc Ayrault dans le cas de Florange.
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Le repreneur éventuel aux abonnés absents:
Reste
qu'il ne sera pas simple de remettre tout le monde à la table des
négociations à Amiens. «Nous ne sommes pas sûrs d'y arriver», a convenu
Arnaud Montebourg. La direction de Goodyear, après cinq ans, n'y croit
plus. Le repreneur éventuel de la partie pneus agricoles, Titan, est
pour l'heure aux abonnés absents. Les salariés semblent déboussolés. Il
faut dire qu'Amiens fait partie de ces sites industriels auxquels on a
beaucoup promis.
Arnaud Montebourg et François Hollande ont tous
les deux rendu visite aux Goodyear pendant la primaire socialiste.
L'usine s'est imposée à l'époque comme le symbole des «licenciements
boursiers», contre lesquels les deux candidats ont promis une loi.
Arnaud Montebourg y est revenu, en février 2012, avec la même promesse,
pendant la campagne présidentielle de François Hollande. Autant dire que
le cas Goodyear n'est pas neutre pour la politique économique. Il
véhicule des thèmes qui sont au cœur du débat actuel à l'intérieur de la
gauche: la lutte contre les licenciements, la compétitivité, la
flexibilité aussi puisque ceux des salariés de Goodyear - les «Dunlop»
d'Amiens-Sud - qui ont accepté des accords d'aménagement du temps de
travail en 2008 ont vu leur outil de travail et leur emploi pérennisé…
De
quoi remettre aussi au cœur de l'actualité le texte promis sur les
sites rentables, déjà annoncé pendant l'affaire Florange. Le groupe PS a
indiqué vouloir présenter à nouveau une proposition de loi qui
obligerait un industriel à céder une usine rentable promise à la
fermeture ; le gouvernement a d'ores et déjà dit qu'il la soutiendrait.
Il semble en fait déjà y avoir déjà largement réfléchi, et voudrait le
voir examiné au premier semestre. À Matignon, on a déjà regardé quels
cas précis auraient pu être concernés par un tel dispositif. Car de
nombreuses questions se posent: quelle est la définition d'un «site»?
Quelle est celle de sa rentabilité lorsqu'il appartient à à un groupe?
Comment mettre en œuvre une obligation de rechercher un repreneur?
Il
faut en outre que le texte soit tenable juridiquement, qu'il respecte
les impératifs européens, mais aussi qu'il n'entrave pas la marche des
affaires ou freine les restructurations des entreprises. Compte tenu des
contraintes, peu de sites seraient en fait touchés. Florange n'aurait
ainsi potentiellement pas été concerné! «L'objectif, c'est de trouver
une solution aux situations les plus criantes», souligne-t-on à gauche,
où le débat risque d'être vif.
Bourse:
GOODYEAR
13,75$ -0,51%
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