Cortège du PS pendant les manifestations contre la
réforme des retraites voulue par le gouvernement de Nicolas Sarkozy, en
octobre 2010.
Alors que le Conseil d'orientation des retraites liste les imperfections du système, la question d'un nouveau report de l'âge légal ressurgit.
Après s'être penché sur les périls financiers à moyen et long terme
du système des retraites, le Conseil d'orientation des retraites (COR)
s'est intéressé à ses imperfections. Avec à la clé une impressionnante
liste des travaux de réparation qu'il dresse dans un rapport qui sera
rendu public mercredi. Comme, par exemple la prise en compte dans le
privé des 25 meilleures années de carrière pour calculer le salaire de
référence qui désavantage les carrières courtes ou démarrées
tardivement. «Le rapport fait ressortir que le système n'est plus adapté
à la société d'aujourd'hui», analyse globalement Jean-Louis Malys, le
«M. Retraites» de la CFDT.
Mais tout n'est cependant pas à jeter
dans le système actuel. «Malgré toutes ces imperfections, le système de
retraite opère bien au total une redistribution qui contribue à réduire
fortement les inégalités entre retraités, au profit des femmes
notamment», indique le COR dont le rapport a été commandé par Jean-Marc Ayrault afin de pouvoir lancer la grande concertation sur «la nouvelle réforme des retraites» promise par François Hollande.
Reste
que corriger ces imperfections, comme le jugent nécessaire le
gouvernement et les syndicats, aura un coût important et ne représentera
donc que des dépenses en plus. «Ce n'est pas le moment de charger la
barque en matière de solidarité, nous n'avons déjà pas les moyens de
financer le système actuel», critique Danièle Karniewicz, l'ex-patronne
du régime d'assurance vieillesse.
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Pour la spécialiste des
questions de protection sociale de la CFE-CGC, ce nouveau rapport du COR
- dont elle est membre - est certes utile mais pas opportun après que
le besoin de financement a été estimé à 20 milliards d'euros par an en 2020,
tous régimes confondus. Et qu'il faut trouver comment boucher les trous
pour éviter une faillite du système dans huit ans. L'urgence est même
encore plus criante pour les régimes complémentaires qui puisent
actuellement dans leurs réserves pour payer les pensions et dont les
caisses seront bientôt vides.
Relever encore l'âge légal de départ:
Or
la désindexation par rapport à l'inflation des pensions, comme
l'étudient les partenaires sociaux pour les retraites complémentaires et
y réfléchit Jérôme Cahuzac pour le régime de base, ne suffira pas. Sauf
à augmenter les cotisations - et donc à grever la compétitivité des
entreprises en renchérissant le coût du travail -, la question de la
hausse de la durée d'activité devra être reposée. Comme en 2010, où le
recul de deux ans de l'âge de départ résolvait, à terme, la moitié du
besoin de financement. Soit 20 milliards sur les 47 nécessaires.
Le Medef n'a pas attendu le lancement de la consultation au printemps
pour indiquer qu'il fallait encore repousser l'âge de départ. À 63,
voire 65 ans, a même suggéré Laurence Parisot, sa présidente. Pas
question, lui a répondu la CFDT, qui plaide pour une réforme systémique
des retraites - le passage à un système par points ou comptes
notionnels.
Tout juste la centrale dirigée par Laurent Berger
consent-elle à étudier une augmentation de la durée de cotisation -
fixée à 41,5 annuités pour bénéficier d'une retraite à taux plein - pour
prendre en compte l'impact de l'évolution démographique sur les
comptes. Et encore, «avec précaution», précise Jean-Louis Malys. Quant à
la CGT, elle entend privilégier les hausses de cotisation patronale et
taxer les revenus du capital pour trouver les recettes nécessaires.
Bref,
autant de questions explosives qui seront sur la table de la
consultation organisée par le gouvernement et dont les réponses
devraient déboucher sur une nouvelle réforme des retraites
en 2014. «Ce calendrier est déjà, en soi, une décision», a commenté
lundi Michel Sapin, qui se rappelle mieux que quiconque les positions
prises par son parti en 2010 lors de la réforme Woerth. Il était alors en charge des questions… économiques.
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