EADS refuse de prendre seul à sa charge tous les surcoûts liés à la fabrication de l'appareil.
Un audit externe, commandé par les sept pays clients, estime que le géant industriel aurait sous-estimé les coûts depuis le début. La presse allemande relaye en masse l'information.
La presse allemande épingle EADS dans le dossier A400M. Le quotidien allemand Handelsblatt publie ce mercredi des extraits d'un rapport externe du cabinet Pricewaterhouse-Coopers (PwC) sur l'affaire. Cet audit, commandé par les sept pays clients de l'appareil, déplore des manquements importants de la direction du constructeur EADS. L'étude affirme ainsi qu'EADS a «année après année, constamment et fortement sous-estimé en permanence les coûts effectifs du projet A400M».
Ce rapport a été rendu aux commanditaires en décembre 2009. A cette époque, les Echos en révélait la teneur en annonçant que ses auteurs évaluaient le surcoût du programme à 5 milliards d'euros. PwC indiquait alors qu'EADS avait les moyens de prendre en charge cette somme seul et même de pousser jusqu'à 7,6 milliards. Mais les informations n'avaient pas filtré sur la gestion faite par EADS pour l'A400M, pourtant développée dans l'audit. Un point que la presse allemande appuie ce mercredi dans un contexte tendu avec la France. Cette dernière s'était dite prête à couvrir une partie des surcoûts alors que l'Allemagne, premier client avec 60 appareils commandés, refuse de mettre plus que les 650 millions d'euros de rallonge qu'elle a déjà posée sur la table.
Jeudi aura lieu à Berlin une nouvelle réunion de crise entre les pays clients (Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg et Turquie) et EADS au sujet du partage des surcoûts du programme.
Au total, les coûts de dépassement pourraient atteindre 11 milliards d'euros en ajoutant aux 5 milliards les 2,4 milliards de provisions et les 3,6 milliards de risques futurs passés par EADS dans sa comptabilité. La facture enfle de plus de 50 %, le prix initial ayant été fixé en 2003 à 20 milliards d'euros pour 180 appareils.
Polémique:
Le Handelsblatt n'oublie cependant pas d'évoquer la polémique qui entoure le rapport. Un porte-parole d'EADS affirme ainsi dans le quotidien que «le rapport d'audit selon lequel EADS pourrait supporter les dépassements de coûts est trompeur». Louis Gallois, patron d'EADS, avait eu la même réaction début décembre, estimant que faire peser sur le groupe tous les surcoûts équivaudrait à faire couler l'entreprise.
La France reproche jusqu'ici au rapport d'imposer à EADS toute la charge, sans tenir compte de la parité euro-dollar et des difficultés du secteur. Sur les sept pays clients, seule la Grande-Bretagne avait validé les conclusions. Certains estiment à ce sujet que les affinités entre le cabinet d'audit et le pays ternissent l'image d'objectivité du rapport.
Ni Pricewaterhouse-Coopers ni EADS n'étaient joignables ce mercredi matin pour commenter l'information.
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