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vendredi 20 avril 2012

Un géant de la sécurité au bord du dépôt de bilan.

Un dépôt de bilan de Neo Sécurité risque d'entraîner une fuite des clients et d'inévitables suppressions d'emplois. Crédits phot o: Neo Securité
Un dépôt de bilan de Neo Sécurité risque d'entraîner une fuite des clients et d'inévitables suppressions d'emplois.


 Neo Sécurité (5000 salariés) doit d'urgence trouver 15 millions d'euros pour échapper au redressement judiciaire.



Le numéro deux de la sécurité en France a peur pour son avenir. Après la défection du fonds d'investissement censé reprendre 70% de son capital, le groupe français Neo Sécurité envisage un dépôt de bilan. Selon nos informations, Jean-Michel Houry, son patron et principal actionnaire, a prévenu mercredi le président du tribunal de commerce de Paris. «Nos avocats demanderont formellement en début de semaine une audience pour le dépôt de bilan, qui pourrait intervenir dans les premiers jours de mai», confirme au Figaro Jean-Michel Houry.
En cette période électorale, la démarche est explosive. Le groupe spécialisé dans la «sécurité humaine» emploie 5000 salariés et assure notamment des missions de surveillance pour la moitié des sociétés du CAC 40 et dans plusieurs sites de la DCNS. Il a été constitué en mars 2009, lorsque Jean-Michel Houry, ancien dirigeant de la ­Brink's, a repris l'activité française, très déficitaire, du groupe anglais G4S, coleader mondial du secteur avec le suédois Securitas, qui domine le marché dans l'Hexagone.

La CDC est prête à investir au capital du repreneur:

Jean-Michel Houry, qui détient 30% du capital (cinq dirigeants en possèdent 30 %, le reste étant aux mains de particuliers), s'était alors fixé pour mission de redresser les comptes et de participer à la consolidation du secteur, encore très morcelé. Mais la restructuration a pris du retard, et la société a dû se placer en procédure de sauvegarde en mars 2011. «Le marché est porteur, et nous sommes en route pour revenir à l'équilibre d'ici à la fin de l'année, même si les petits opérateurs n'ayant notre transparence et nos procédures cassent les prix», assure Jean-Michel Houry, dont le tribunal de commerce a validé mi-décembre le plan de sortie de la procédure de sauvegarde.
Ce projet, suivi par le Comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri), prévoyait l'arrivée au capital du fonds d'investissement IPE. En échange de 25 millions d'euros, dont 15 livrés à fin mars et le reste en septembre, ce dernier aurait pris 70% du capital. Mais le 6 avril, après un examen approfondi des comptes, IPE a renoncé à son investissement, estimant que la société avait en fait besoin de 40 millions.
«Dans ces conditions, je n'ai pas d'autre choix que de déposer le bilan, assure Jean-Michel Houry, même si la société n'est pas en cessation de paiements.» Le patron s'est démené en vain ces dernières semaines pour trouver une autre solution. «La Caisse des dépôts n'envisage pas d'investissement majoritaire, le FSI ne s'intéresse pas aux emplois non délocalisables et Oséo ne prête qu'aux entreprises qui gagnent de l'argent», regrette-t-il. La Caisse des dépôts confirme préférer un «adossement à un industriel capable de mener à bien le retournement opérationnel et financier de Neo Sécurité et ayant la taille critique pour espérer un développement rentable». Elle est prête à investir au capital du repreneur.

Rester un groupe français:

Jean-Michel Houry, lui, ne décolère pas d'une telle proposition, car il n'existe, selon lui, pas de groupe de la taille exigée par la Caisse dans le secteur. La personnalité entière du patron, «au caractère bien trempé, qui ne laisse pas indifférent», selon certains de ses interlocuteurs sur ce dossier, aurait par ailleurs pu compromettre l'aboutissement de solutions alternatives.
Un dépôt de bilan de Neo Sécurité permettrait sans doute d'apurer une dette de 35 millions d'euros, dans l'attente d'un repreneur. Mais il risque d'entraîner une fuite des clients et d'inévitables suppressions d'emplois. Le patron de Neo Sécurité espère un coup de pouce politique de dernière minute. «J'ai besoin d'un prêt relais de 15 millions d'euros pour quelques mois, le temps de trouver un investisseur», assure-t-il, bien décidé à mener à bien sa stratégie, jugée bonne par les connaisseurs du dossier. «Je suis en contact avec bon nombre d'entreprises de taille intermédiaire pour parvenir à une taille critique et rester un groupe français.»

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