Qui, des manifestants ou des policiers, ont été les plus violents lors de la manifestation du 5 décembre à Rennes organisée par le mouvement des chômeurs et précaires? Lors de l’audience qui s’est déroulée lundi après-midi devant le tribunal correctionnel, il était permis d’avoir de sérieux doutes. Même si les quatre prévenus, âgés de 20 à 28 ans, et poursuivis pour violences, étaient tous manifestants, les policiers n’étant cités qu’au titre de parties civiles (un seul était présent à l’audience).
Le premier prévenu, jean baggy, dreadlocks et forte corpulence, devait répondre d’un jet d’oeuf contenant une matière “bitumeuse” ayant atteint un policier au visage (trois jours d’interruption de travail). Déjà condamné pour des dégradations lors des manifestations étudiantes et bien connu des services de police, l’intéressé nie l’accusation, trop occupé qu’il était à jouer des percussions au milieu du cortège, explique t-il. Le procureur réclamera six mois de prison avec sursis à son encontre dont trois mois fermes. Le second, grand jeune homme tout habillé de noir, doit répondre de “deux coups de bâtons” sur la tête d’une policier. “J’ai été témoin d’une charge extrêmement violente, presque un guet-apens, raconte t-il à la barre. J’ai pris un drapeau et j’ai assèné deux coups sur la tête d’un policier pour qu’il arrête de matraquer les gens”. Deux mois de prison avec sursis sont requis à son encontre. Le troisième prévenu est accusé d’avoir donné un coup de poing à un policier. Il reconnaît seulement l’avoir bousculé. Deux mois avec sursis requis. Enfin, le quatrième est poursuivi pour rébellion. 250 euros d’amende requis. Durant l’audience deux manifestants sont venus témoigner de la “charge policière survenue sans sommation” en fin de défilé, alors qu’une cinquantaine de personnes souhaitaient tenir une assemblée générale dans une salle près des Champs Libres.
“J’ai couru, je suis tombée, je me suis fait matraquer”, raconte une jeune fille de vingt ans qui dit avoir été “très choquée”. Résultat: dix points de suture à l’arcade sourcillière et dix jours d’interruption de travail. “J’ai été frappé cinq fois à la tête, raconte un autre manifestant victime de lésions cérébrales. Je devrai maintenant suivre un traitement jusqu’à la fin de mes jours”. Ces deux témoins ont porté plainte.
Solide gaillard d’un mètre quatre vingt dix environ revêtu d’un parka vert kaki, le policier de la BAC (brigade anti-criminalité) qui aurait été victime d’un coup de poing a justifié quant à lui la charge policière et les coups de matraques par la nécessité de forcer un passage parmi les manifestants pour interpeller le premier prévenu. En préambule de sa plaidoirie, l’avocat des parties civiles, chargé de défendre les intérêts des policiers, avoue pour sa part ne pas pouvoir “rester insensible” aux témoignages produits à l’audience ni “aux excès de violences qui se sont manifestés de part et d’autre à Rennes le cinq décembre”. La décision du tribunal sera rendue le 1er février prochain.
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