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mercredi 20 janvier 2010

En cédant ses assurances-vie, l'américain AIG poursuit sa cure d'amaigrissement.

La profonde restructuration du secteur financier américain se poursuit. C'est désormais au tour de l'ancien leader mondial de l'assurance AIG, nationalisé en catastrophe au plus fort de la tempête financière de l'automne 2008, d'entamer de lourdes cessions. Selon le Wall Street Journal du mercredi 20 janvier, la société serait proche d'un accord avec son rival et compatriote MetLife pour lui céder, après des mois de discussions, sa division d'assurance-vie Alico. Cette opération pourrait ramener de 14 à 15 milliards de dollars (jusqu'à 10,6 milliards d'euros) dans les caisses d'AIG. Mais le groupe envisagerait toujours, selon la presse américaine, une éventuelle introduction en Bourse d'Alico en cas d'échec des négociations.

Polémiques:
Les deux parties ont toutefois un réel intérêt à la transaction. Elle permettrait à MetLife, premier vendeur d'assurance-vie aux Etats-Unis avec une part de marché de 13 %, d'élargir profondément le périmètre international de ses activités, Alico revendiquant 19 millions de clients dans 50 pays. Quant à AIG, qui comptait jusqu'en 2008 quelque 200 sociétés opérant dans 130 pays, cette cession lui permettrait de continuer à rembourser aux pouvoirs publics une partie de ses dettes colossales.
Nationalisé à 80 % par l'Etat fédéral américain, AIG a été renfloué à hauteur de 180 milliards de dollars par les pouvoirs publics, à raison de plusieurs plans d'aides effectués à l'automne 2008 et à l'hiver 2008-2009. L'assureur doit encore rembourser 60 milliards de dollars à l'Etat. Depuis son sauvetage, il a dû multiplier les cessions d'actifs ou de filiales, comme ses assurances automobiles américaines vendues 1,9 milliard de dollars au suisse ZFS ou la vente de son siège de Tokyo à Nippon Life pour 1,2 milliard. Alico serait la plus grosse cession d'AIG.
En vendant des contrats qui assuraient les investisseurs contre d'éventuelles pertes sur des produits à risque - notamment des dérivés des fameux subprimes -, AIG s'était retrouvé étranglé par l'explosion de la bulle immobilière aux Etats-Unis. Sur la seule année 2008, le groupe avait perdu pas moins de 99,3 milliards de dollars, soit trois à quatre fois plus que n'importe quelle banque d'affaires. Au vu des pertes colossales du quatrième trimestre 2008, un blogueur du site du Wall Street Journal s'était alors amusé à calculer que, lors des trois derniers mois de l'année, AIG avait perdu 465 421 dollars à chaque minute.
La revente d'Alico, si elle était finalisée, interviendrait en pleine polémique sur l'aide des pouvoirs publics apportée à AIG. Ce sauvetage est critiqué par nombre d'élus, qui reprochent à la Réserve fédérale (Fed) et au Trésor d'avoir agi dans leur dos, et n'acceptent pas qu'une grande partie de l'aide fédérale soit tombée aux mains de grandes banques américaines et étrangères, à qui AIG devait de l'argent. La Fed a d'ailleurs demandé, mardi, à la Cour des comptes du pays, le Government Accountability Office, d'enquêter sur ce sujet.
Si Alico était vendu à MetLife, AIG pourrait être au coeur d'une nouvelle polémique : Robert Benmosche, le nouveau directeur général d'AIG nommé en août 2009, n'est autre que l'ex-patron de MetLife de 1998 à 2006.

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