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mardi 19 janvier 2010

«La taxe sur les bonus ne résoudra rien».


Taxe sur les bonus, régulation financière ou encore renforcement des fonds propres. Nicolas Bouzou, économiste et fondateur d'Asterès, société d'analyse économique et financière, fait un tour d'horizon de l'actualité des banques.

Lefigaro.fr : Après Nicolas Sarkozy et Gordon Brown, c'est au tour de Barack Obama de vouloir taxer les bonus des traders. Les Etats sont-ils enfin tous en train de prendre la question à bras le corps ?
Nicolas Bouzou : Taxer les bonus ne résoudra rien. Certaines banques ont d'ailleurs déjà trouvé la parade en augmentant les salaires fixes. Les aides gouvernementales au système financier ont été telles, aux Etats-Unis, qu'il est normal que l'Etat souhaite récupérer les sommes prêtées. Néanmoins, le lobby bancaire est tellement puissant que les montants prélevés seront faibles. Ce qui est regrettable, aux Etats-Unis, c'est que, malgré les discours volontaristes du gouvernement, rien n'a changé en termes de régulation financière. Il est vrai qu'il s'agit d'un lent et grand chantier.
Michel Barnier, qui chapeautera les services financiers dans la future Commission européenne, prône une régulation financière efficace mais pas excessive. Etes-vous également de son avis ?
La régulation est une bonne chose. Les banques s'en inquiètent, parce qu'elles craignent que cela leur coûte cher en fonds propres. Il s'agit d'un raisonnement à court terme. Elles n'ont pas agi dans leurs propres intérêts à moyen ou long termes. Je suis persuadé qu'européennes comme américaines, les banques ne nous ont pas encore tout dit quant à leur santé financière. Un grand nombre d'actifs financiers dépréciés n'ont pas encore été dévoilés.
Etes-vous en train de dire que le système financier oserait se reconstituer comme avant ?
Je suis persuadé que si les Etats n'agissent pas rapidement, nous assisterons à une autre secousse financière. Elle pourrait venir des dettes souveraines (Grèce, Espagne, Italie...). Et, dans ce cas-là, les banques européennes ne sont pas plus immunisées que leurs homologues américaines.
Dès lors, les banques doivent-elles se réinventer un nouvel modèle financier ?
L'important est de savoir quels modèles nous voulons pour les années à venir. Un modèle qui génère de fortes marges, mais caractérisés par des produits complexes et peu transparents, et dominés par les banques d'investissement. Ou bien un système financier avec des leviers plus faibles mais avec un réequilibrage entre les banques d'investissement et les banques de détail. Je pense que si nous ne voulons pas revivre la même crise financière, la deuxième solution est la plus judicieuse. Pour cela, il faut qu'il y ait une réelle volonté politique pour inciter les banques à renforcer leurs fonds propres pour leurs activités de marché. Pour l'heure, nous n'assistons qu'à des discours de façade. Mais l'Etat ne peut pas agir seul. Les autres responsables de la crise doivent également être actives dans ce sens. Parmi eux, les banques centrales, qui doivent commencer à remonter progressivement les taux d'intérêt d'ici la fin de l'année, pour mettre fin à ces politiques monétaires accommodantes.
Les experts craignent un « Lehman Brothers à la chinoise ». Quel est votre avis sur la question ?
Il est certain que la Chine subira une crise financière dans les années à venir. Un pays qui génère un taux de croissance entre 8% et 10%, chaque année depuis 10 ans, connaît forcément des déséquilibres économiques et financiers. Leur système financier n'est pas transparent. Il ne m'étonnerait pas qu'un « Lehman Brothers à la chinoise » se produise dans quelques années.

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