L'excès de liquidités chinoises préoccupe l'Asian Financial Forum, qui réunit des décideurs asiatiques et américains pendant deux jours à Hongkong.
Il n'était pas au menu. Mais il va se retrouver malgré lui au centre de la troisième édition de l'Asian Financial Forum qui s'ouvre ce mercredi matin pour deux jours à Hongkong sur le thème de «l'Asie dans le nouvel ordre économique».
Le risque de surchauffe de l'économie chinoise a toutes les chances de supplanter les sujets comme le yuan ou les opportunités d'affaires qu'offre l'empire du Milieu. Les prêts bancaires explosent. À 600 milliards de yens (61 milliards d'euros) pour la seule première semaine de janvier, ils dépassaient déjà la moyenne mensuelle du deuxième semestre de l'an dernier. Au point que, vendredi dernier, la Commission de régulation bancaire à Pékin, dont le président, Liu Mingkang, est présent à Hongkong, a dû officiellement appeler les banques à faire en sorte que le crédit profite à l'économie réelle et à contrôler rigoureusement les prêts aux industries polluantes et aux secteurs souffrant de surcapacités. Elle les encourage également vivement à surveiller de très près le marché immobilier.
Le directeur général du FMI (Fonds monétaire international), Dominique Strauss-Kahn, qui participe également au forum au côté, notamment, de Lou Jiwei, patron de la China Investment Corp., de Nouriel Roubini, professeur d'économie à l'université de New York, et de Gerald Corrigan, ancien président de la New York Federal Reserve Bank américaine, rappelait il y a une semaine, dans un entretien accordé au Hongkong Trade Development Council, que «plus vous assumez un statut de “big player”», plus vous assumez également une part de «responsabilité quant au fonctionnement du système dans son ensemble».
Une année à risques:
La région administrative spéciale (SAR) qu'est Hongkong depuis le 1er juillet 1997, avec un statut qui la fait dépendre politiquement de Pékin tout en conservant son autonomie économique, le sait mieux que tout le monde. Les entreprises chinoises représentent désormais 40% des sociétés enregistrées à la Bourse de Hongkong. Fin décembre 2009, elles totalisaient 58% de la capitalisation boursière du territoire et les fonds levés par les Chinois depuis 1993 dépassent les 320,4 milliards de dollars, rappelle Lawrence Fok, vice-président de la Bourse de Hongkong.
«Nous continuons de profiter à fond de la croissance de la Chine, ce qui prouve que la formule un pays-deux systèmes est bonne», souligne, de son côté, le professeur KC Chan, secrétaire chargé des Services financiers et du Trésor hongkongais. Mais il ajoute que, si Pékin joue un rôle majeur, toute la difficulté pour la Chine est maintenant de «savoir quand, comment et à quel prix» sortir des mesures de relance massives qu'il a prises.
Il n'y va pas que de la seule croissance de Hongkong, qui compte sur une progression de 4% à 5% de son PIB (produit intérieur brut) cette année contre une chute probable de 3,2% pour 2009, mais de celle de tous les autres pays d'Asie, et l'Australie, dont les économies dépendent aussi étroitement de la Chine.
Car 2010 est loin d'être gagnée, prévient Peter Wong, directeur exécutif de la banque HSBC à Hongkong. C'est une «année de transition qui présente le risque d'avoir trop de liquidités et de créer des bulles» si l'on ne s'y prend pas à temps. L'avertissement ne risque pas d'échapper aux quelque 1.100 participants du forum.
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