L'accusation selon laquelle le gouvernement chinois a participé à des attaques informatiques, de manière directe ou indirecte, est sans fondement et vise à dénigrer la Chine. Nous y sommes fermement opposés." Le ministère de l'industrie et des technologies de l'information chinois a démenti, dans la nuit de dimanche à lundi, toute implication de Pékin dans l'opération Aurora, un piratage informatique de grande ampleur visant une trentaine d'entreprises, dont Google, liées directement ou indirectement aux défenseurs des droits de l'homme en Chine.
Jusqu'ici, les démentis de Pékin étaient restés relativement indirects. Le gouvernement avait, à de nombreuses reprises, affirmé que les accusations de Google, qui avait révélé il y a dix jours avoir été victime d'une attaque élaborée et accusait à demi-mot Pékin, ne reposaient pas sur des faits établis. Après avoir révélé ce piratage, le moteur de recherche avait annoncé qu'il cessait de censurer ses résultats de recherche dans le pays et menacé de fermer purement et simplement sa branche chinoise.
Le gouvernement chinois et l'entreprise auraient engagé des négociations, mais la Chine a réaffirmé plusieurs fois que les entreprises étrangères implantées dans le pays devaient "se conformer à la loi chinoise", et donc que les moteurs de recherche devaient appliquer la censure décidée par Pékin. Un départ de Google de Chine serait toutefois perçu comme un échec pour Pékin, qui a jusqu'ici réussi à imposer ses conditions aux entreprises étrangères. Avec plus de 300 millions d'internautes, la Chine est l'un des marchés majeurs du Web, mais Google, numéro un de la recherche dans le monde, n'a jamais réussi à y dépasser le chinois Baidu.
"DROIT À RÉGULER":
Le conflit n'oppose pas seulement Google et le gouvernement chinois. Après avoir demandé "des explications" immédiatement après les annonces de Google, Washington a renforcé la pression diplomatique sur Pékin. La secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, a critiqué la semaine dernière la censure du Web, et prévenu que "les personnes et les pays qui lancent des cyber-attaques (...) devront en subir les conséquences". La Maison Blanche a également fait part de la "préoccupation" du président américain.
La nuit dernière, Pékin a écarté les critiques sur sa politique de censure, estimant que le gouvernement était parfaitement en droit de réguler sur l'Internet des contenus "nuisibles", et que cela était sans rapport avec des "restrictions de la liberté sur Internet". Dans son édition de lundi, le Global Times, quotidien en anglais sous l'égide du Quotidien du peuple, l'organe du Parti communiste, a pour sa part accusé les Etats-Unis d'être "le premier pays à lancer la cyber-guerre", avec "une armée de 80 000 personnes dotées de plus de 2 000 virus informatiques". Le journal, qui attribue l'information à un expert de la défense américain, Joel Harker, estime que les critiques actuelles visant la Chine démontrent "soit une ignorance des faits, soit une mentalité de guerre froide".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire