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lundi 15 mars 2010

Expatriés : les entreprises rognent sur les coûts.

La crise a fortement impacté le statut jadis privilégié d'expatrié, accélérant une évolution à l'œuvre depuis une quinzaine d'années.

La crise n'a pas épargné les expatriés. Ces situations professionnelles enviées, longtemps associées à de nombreux avantages en nature, tendent à se réduire comme peau de chagrin. Sous l'effet d'une conjoncture économique déprimée, mais pas seulement. Depuis une quinzaine d'années, les entreprises ont engagé une évolution de leurs politiques d'expatriation : moins de cadres envoyés à l'étranger, moins d'avantages compris dans le «package», et davantage de difficultés rencontrées par l'expatrié à son retour en France… Le statut tend à perdre de son lustre.
«La tendance de fond est à la baisse du nombre d'expatriés au profit des cadres locaux» confirme Paul Mercier, responsable de la zone Afrique chez Michael Page Afrique. Moins chers, ces cadres sont également de moins en moins difficiles à trouver. Quelques zones d'Afrique ou d'Asie exceptées, les bassins d'emplois locaux offrent en effet de quoi pourvoir les besoins des entreprises à moindre coût. «Nous assistons à une mise en concurrence croissante entre locaux et expatriés» constate également Claude Mulsant, directrice générale du cercle Magellan. Une comparaison le plus souvent défavorable aux premiers.

De coûteux avantages:
Car si les expatriés bénéficient tous de contrats de droit local, ce statut leur octroie également plusieurs avantages, parfois très couteux pour l'entreprise. Notamment, le «package» négocié par l'expatrié avant son départ, peut comporter le paiement d'un logement, de la scolarité des enfants, de la sécurité sociale française en sus de celle du pays d'accueil… «Avec la crise, les entreprises ont été particulièrement attentives à réduire les coûts, et ont en conséquence considérablement diminué les avantages offerts par le «package»», analyse Paul Mercier. «Les primes ont diminuées, de même que le standing des logements offerts» confirme Claude Mulsant.
Jacques-Olivier Meyer, directeur général du cabinet de ressources humaines international Intelfi, constate lui aussi que les habitudes ont changé. «La crise a fait refluer nombre d'expatriés de certaines zones géographiques, notamment d'Asie» constate-t-il. Et ces retours ne se sont pas toujours fait sans difficultés : «Certains expatriés se sont retrouvés poussés vers la sortie à leur retour en France» remarque-t-il. Plus généralement, c'est une durée moyenne d'expatriation en baisse de 5 à 3 ans qu'observe Jacques-Olivier Meyer depuis une dizaine d'années. Ainsi qu'une chute du nombre d'expatriés qui repartent dans les trois ans après leur séjour (1/3 seulement retentent l'expérience). «Les personnes expatriées sentent que les conditions sont moins favorables que par le passé» estime-t-il.

Un seuil incompressible:
Alors, adieu les expats ? Sûrement pas, répond Paul Mercier. Car certaines fonctions ne peuvent se passer de l'expérience et de la culture d'entreprise de ces cadres privilégiés. «Quand le business est établi, les cadres locaux peuvent le plus souvent remplacer les expatriés. Mais pour implanter une filiale, une nouvelle usine, ou réaliser un investissement qui nécessite l'exportation d'un savoir-faire, l'expatrié reste indispensable» explique Paul Mercier. Jacques-Olivier Meyer va même plus loin : «Avec la crise, nous avons atteint un seuil minimal incompressible. Je ne vois pas comment les effectifs pourraient encore se réduire…».

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