Abdalla el Badri, secrétaire général de l'Opep.
Les pays producteurs se félicitent de la stabilité actuelle du cours mais s'inquiètent de la situation économique des pays développés.
«Beautiful». «Beaux, merveilleux», c'est ainsi que le ministre saoudien du pétrole Ali al-Naimi, l'homme fort de l'Opep, a qualifié le prix du baril, ce mercredi à Vienne lors de la réunion du cartel pétrolier. Le puissant Saoudien s'est réjoui de la «bonne demande et de l'offre fiable» de pétrole. Après le pic du baril à 147 dollars durant l'été 2008 suivi par sa dégringolade à moins de 40$ quatre mois plus tard, les pays producteurs se félicitent de la stabilité du cours, qui oscille entre 70 et 80$ depuis octobre dernier.
Les commentaires optimistes du ministre saoudien contrastent cependant avec le communiqué final publié à l'issue de cette 156e conférence du cartel, organisée dans le nouvel immeuble de son secrétariat, au centre de la capitale autrichienne. «De sérieuses menaces demeurent», estime l'Opep, particulièrement inquiet des répercussions possibles sur la demande de pétrole de «la dette publique potentiellement insupportable dans les économies les plus avancées», du chômage en hausse et de la montée du protectionnisme.
Reprise de la demande de brut:
Dans ce contexte lourd d'incertitude macroéconomique, l'Opep entrevoit néanmoins une reprise de la demande de brut. Las, celle-ci devrait surtout profiter aux producteurs non membres du cartel, qui représentent 40% de l'extraction mondiale. L'Opep a décidé de maintenir ses quotas de production au niveau fixé début 2009, soit 24,84 millions de barils par jour (mbj), niveau en vigueur depuis le 1er janvier 2009.
Comme toujours, il y a la règle, et son application. En février, la production des 11 pays membres soumis aux quotas (l'Irak qui revient tout juste dans le jeu, en est exempt) a atteint 26,7 mbj, soit un dépassement de 1,86 mbj par rapport au plafond officiel. L'Angola, le Nigeria le Venezuela et l'Iran ne respectent pas les quotas, pointe Kamil Al-Harami, un analyste koweïtien indépendant, «car ils ont besoin de cash tout de suite».
L'influence des spéculateurs:
Les conséquences de cette «tricherie» de plusieurs Etats membres de l'Opep sont négligeables, analyse un autre expert rencontré à Vienne. Certes, l'Opep envoie des signaux importants au marché mais le club des producteurs qui fête son cinquantenaire cette année, est loin de faire les prix à lui seul. Les spéculateurs pèsent actuellement beaucoup, estime l'analyste John Hall, président de Energy Quote. Un constat partagé par le directeur du département recherche de l'Opep, Hassan Qabazard.
Le marché du pétrole est plus que jamais soumis «à beaucoup d'incertitudes», poursuit Hassan Qabazard, «liés avant tout à l'état de l'économie mondiale». Les experts de l'Opep sont conscients qu'une hausse du baril au-delà de 80 dollars, arrondirait leurs fins de mois à court terme, mais pèserait sur le redémarrage de l'économie, avec un risque de retour de bâton douloureux pour tous, consommateurs et producteurs.
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