Société Générale : les cinquante travaux d'Oudéa.

Le PDG de la Société générale, Frédéric Oudéa, présidera un ­comité stratégique qui se réunira tous les quinze jours pour valider l'avancée des chantiers engagés.Mots clés : banque, Frédéric Oudéa, Séverin Cabannes, Société générale.

Le PDG de la banque française a dévoilé à ses cadres un projet d'entreprise visant à transformer en cinq ans le groupe malmené par les crises successives.

Après les résultats 2009 décevants de la Société Générale, son PDG Frédéric Oudéa se sait attendu. Aussi bien en interne qu'en externe. Vis-à-vis de ses troupes, il vient de passer à l'action. Il a dévoilé, il y a quelques jours, aux principaux cadres de la banque les grands traits d'un vaste plan de transformation, baptisé «Ambition SG 2015» sur lequel la direction a planché au second semestre de l'an dernier.
Cinquante chantiers ont été identifiés, s'articulant autour de quatre axes de travail - relations clients, image, efficacité opé­rationnelle, collaborateurs. Un ­comité stratégique, présidé par le PDG, se réunira tous les quinze jours pour valider leur avancée. «Ce n'est pas un plan de restructuration», prévient d'emblée Séverin Cabannes, directeur général délégué qui précise: «Nous anticipons et nous nous adaptons aux changements de l'environnement.»
Un environnement réglementaire qui renforce les exigences de fonds propres, oblige à l'optimi­sation des ressources. Ce n'est pas un hasard si, pour la première fois depuis le rachat du Crédit du Nord en 1997, la banque prévoit de partager des moyens avec son bijou régional. «Nous voulons préserver l'esprit entrepreneurial de la banque et nous allons l'associer avec une démarche industrielle», explique Séverin Cabannes.
Autre objectif affiché par la Société générale, assurer la transition vers une entreprise centrée sur la relation client, par opposition à un guichet qui «pousserait» des produits. Même logique: les régulateurs, lorsqu'ils calculeront les besoins de liquidité d'une banque, vont pondérer les dépôts à vue en fonction de la fidélité du fonds de commerce. L'enjeu apparaît d'autant plus crucial pour un réseau qui se remet à peine du scandale Kerviel et de la polémique autour des stock-options. Du coup, à la Société générale, un baromètre de satisfaction des clients figure désormais parmi les critères d'évaluation des managers, à côté de la maîtrise du risque opérationnel et du ratio de charges sur revenus.

Changer l'image:
Les chantiers les plus urgents comme la plate-forme de marque, la convergence des réseaux de banque de détail ou le rapprochement des systèmes informatiques ont déjà été mis sur les rails. «Changer l'image de la banque est l'une de nos priorités. Nous avons déjà commencé à y travailler. Les nouvelles publicités fin 2010 seront marquées par ce changement», prévient ainsi Caroline Guillaumin, la nouvelle directrice de la communication du groupe.
La direction de la Société générale s'affirme bien sûr très attentive au surcroît de stress qu'implique cette remise en cause pour ses 160000 salariés. Le traumatisme de France Télécom reste dans tous les esprits. «Tous les projets seront accompagnés par des spécialistes du changement. S'il faut aller plus lentement, on ira plus lentement», martèle Séverin Cabannes.
«Nous avons présenté ce projet d'entreprise aux 1000 ambassadeurs de la banque et 95% d'entre eux ont affirmé qu'ils y adhéraient. Cela montre un soutien très fort et je vois apparaître une vraie dynamique autour de Frédéric Oudéa», conclut le directeur général délégué. Certes, la banque a besoin de montrer qu'elle serre les rangs derrière son patron, quand les critiques évoquent au contraire un certain flottement depuis le remaniement de l'état-major. Vis-à-vis de l'externe, la très attendue journée investisseurs du 8juin permettra de faire le point sur la stratégie et les perspectives financières pour 2012. Le même jour, débutera le procès Kerviel. Une coïncidence lourde à porter.