Les Irlandais ont sévèrement sanctionné le gouvernement du Fianna Fail. L'Irlande se dirige vers un gouvernement de coalition des démocrates-chrétiens et des travaillistes.
Les Irlandais ont livré vendredi un jugement sans appel à l'occasion des élections anticipées pour le renouvellement de leur Chambre basse, le Dáil Eireann. Les conditions du prêt des Européens et du FMI consenti à leur pays fin 2010 ne leur plaisent guère. Les trois principaux partis, résolument opposés à l'aide internationale, ont remporté des succès historiques : le démocrate-chrétien Fine Gael, le parti travailliste et les nationalistes de gauche du Sinn Fein. A l'opposé, le parti traditionnellement central de la vie politique de l'île, le Fianna Fail, a essuyé la plus grosse défaite de son histoire. Au gouvernement avec les Verts, également défaits, il a été sévèrement sanctionné pour sa gestion de la crise de la dette souveraine et bancaire. Les électeurs ont voulu punir à la fois son acceptation des termes du crédit de 67,5 milliards d'euros accordé par les Européens et le FMI et sa décision de nationaliser les banques irlandaises en déshérence.
Les premières estimations connues, le leader du Fine Gael, Enda Kenny, a déclaré à la télévision nationale RTE qu'il entrevoit « une marge de manoeuvre sur les taux d'intérêt et les coûts de l'opération de sauvetage, en référence tout particulièrement aux banques ». Le très probable prochain Premier ministre a ajouté qu'il se saisira de ce thème dès cette semaine, lors de la rencontre de vendredi à Helsinki des chefs du Parti populaire européen. Le 14 février, lors d'une visite éclair à Berlin, il avait déjà discuté de cette matière avec la Chancelière allemande. Le Fine Gael n'a pas le droit à l'erreur sur ce terrain.
Son indéniable succès électoral est toutefois moins important que les sondages l'anticipaient. En revanche, l'aile gauche de la chambre basse, le Labour et le Sinn Fein, remportent davantage de suffrages que prévu. Leur position plus intransigeante à l'égard du programme de sauvetage pour l'Irlande les a beaucoup aidés. L'ampleur de la victoire de ces deux partis traduit les inquiétudes des Irlandais à propos de la détérioration du marché du travail. Le chômage à 13 %, la reprise en grand de l'émigration des jeunes, les impôts qui montent et les coupes claires dans la masse salariale de la fonction publique sont autant de sujets cruciaux de préoccupation.
La grogne de la majorité des électeurs est alimentée par la sensation que les banquiers et les banques jugés responsables de la crise s'en tirent sans trop de mal. Dans ce domaine, le Labour et le Sinn Fein n'ont pas épargné les critiques les plus acérées à l'égard de la politique du gouvernement sortant mais aussi à l'encontre du Fine Gael, dont les propositions sont considérées trop conciliantes. La gauche propose que des larges secteurs de détenteurs des titres de la dette des banques en difficulté soient associés aux pertes. Le Fine Gael entend limiter la contribution aux pertes des banques aux seuls détenteurs de titres de la dette non garantis par l'Etat.
Le prochain gouvernement sera très probablement formé par le Fine Gael et le Labour. Doté d'une large majorité parlementaire, il faudra qu'il trouve un solide terrain d'entente en son sein pour ne pas décevoir. Ce qui n'est guère assuré à ce stade.
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