Premier ministre sans discontinuer depuis la mi-novembre 1999, Mohammed Ghannouchi a quitté dimanche sa fonction en signe d'apaisement.
Ancien fidèle de Ben Ali, l'ex-président tunisien qui a fui son pays pour se réfugier en Arabie saoudite, Mohammed Ghannouchi (soixante-neuf ans) a jeté l'éponge. Il a cédé sa place de Premier ministre par intérim à Béji Caïd Essebsi, un avocat réputé du barreau de Tunis dans sa 85e année. Ancien proche conseiller d'Habib Bourguiba, ce dernier a été tour à tour député, ministre, Premier ministre et ambassadeur de la Tunisie.
Apprécié dans les milieux diplomatiques, doté d'une solide expérience internationale, homme politique expérimenté, Mohammed Ghannouchi comptait sans doute sur ses indéniables qualités de médiateur et de négociateur pour préserver son poste de Premier ministre du gouvernement tunisien de transition. Poste qu'il a occupé sans discontinuer depuis 1999. Hier, lors d'une intervention télévisée, Mohammed Ghannouchi a annoncé qu'il démissionnait de sa fonction « pour créer une meilleure atmosphère pour la nouvelle ère » qui commence. « Je ne suis pas un homme de répression », a-t-il expliqué.
Départ contraint:
L'homme fort de Tunis a été de plus en plus fragilisé par les demandes récurrentes de démission émanant de plusieurs secteurs d'opposants au régime de Ben Ali. Il s'est résolu à quitter le palais de la Casbah après des combats de rue qui ont enflammé le centre de la capitale tunisienne. Combats qui ont fait au moins cinq morts parmi les jeunes manifestants, durement réprimés par les forces de l'ordre. La violence de l'intervention policière dans les rues autour de l'avenue Habib-Bourguiba, qui abrite le ministère de l'Intérieur, n'a pas eu raison des jeunes émeutiers. Ces derniers sont revenus par centaines à la charge, de plus en plus organisés et déterminés à en découdre. L'annonce, vendredi, d'élections générales pour la mi-juillet « au plus tard » n'a pas suffi à calmer le jeu. En début d'après-midi, ce même jour, la Tunisie a connu la manifestation la plus importante depuis la chute de Ben Ali, le 14 janvier. Des sources policières ont avancé le nombre de 100.000 participants. Mohammed Ghannouchi n'a pas voulu revivre le scénario de janvier. L'équipe gouvernementale transitoire formée dans la foulée de la fuite de Ben Ali n'aura pas fait long feu. Fin janvier, la pression des Tunisiens a monté d'un nouveau cran, obligeant le Premier ministre à se séparer peu à peu de la totalité des anciens amis de l'autocrate. Le 27 janvier, il a bâti un nouveau gouvernement, dont il était le seul ancien proche de Ben Ali. Tout naturellement, Mohammed Ghannouchi était devenu la cible privilégiée de tous les mécontents.
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