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mardi 17 avril 2012

Mestrallet : «GDF Suez va accélérer ses investissements».


Gérard Mestrallet, PDG de GDf Suez, lundi au Pavillon Gabriel, à Paris.
Gérard Mestrallet, PDG de GDf Suez, lundi au Pavillon Gabriel, à Paris.
 
 
 Le PDG du groupe explique l'intérêt stratégique de la montée à 100 % dans International Power.
 
 
 
 
GDF Suez va finalement débourser 8,4 milliards d'euros pour racheter les 30 % du capital qu'il ne possédait pas dans le groupe britannique International Power. En rachetant 70 % en 2010, GDF Suez était devenu le deuxième électricien mondial. Fin mars, le groupe proposait 390 pence par action sur le reste du capital. Il a dû consentir une rallonge de 7 %, à 418 pence. L'impact sur la dette de l'opération se monte à 8,4 milliards. Le groupe a promis de nouvelles cessions d'actifs pour 3 milliards d'euros d'ici à fin 2013, en plus du plan de désengagement de 10 milliards déjà annoncé.
 Notre site - Pourquoi était-il si important de racheter les 30 % du capital d'IP que vous ne déteniez pas?
Gérard MESTRALLET. - Le groupe s'est fixé depuis quinze ans comme priorité de développer sa présence dans les pays émergents. En partant de zéro, nous sommes devenus en dix ans le premier producteur indépendant d'électricité au monde, avant de nous rapprocher amicalement du numéro 2, International Power, en prenant 70 % du capital. Le rachat des 30 % restants nous permet de renforcer et consacrer la position de GDF Suez comme énergéticien de référence dans les pays émergents, avec pour objectifs de disposer en 2016 d'une capacité de production de 150.000 mégawatts (MW), dont 90.000 hors d'Europe. IP est valorisé 26 milliards d'euros, l'équivalent de la 11e société du CAC 40.
En quoi cela vous permet-il de porter de 30 % à 40-50 % la part de vos investissements de développement dédiés aux pays à forte croissance?

Cette opération industrielle et stratégique a pour but de conforter la position du groupe sur les marchés à forte croissance. Cela se traduira par une augmentation des investissements dans ces pays. En effet, cette opération renforce l'assise financière de GDF Suez en augmentant notamment ses fonds propres de 2 à 3 milliards d'euros. GDF Suez intégrera également 100 % du cash-flow d'IP et pourra ainsi, mieux que par le passé, décider de ses priorités d'investissement.
Quelles sont vos priorités dans les pays émergents?
Nous ne hiérarchisons pas les continents. Nous avons fait de très belles opérations au Brésil, au Chili, au Pérou, à Panama. Nous étions déjà présents dans tous les pays du Golfe sauf au Koweït, où nous venons de remporter un important contrat. Notre présence est appelée à s'accroître encore plus vite en Asie-Pacifique, mais je ne mets pas cette zone devant les autres. Nous avons conquis la première place à Singapour, renforcé nos positions de numéro 2 en Thaïlande et en Indonésie, et comptons beaucoup sur l'Australie où nous sommes numéro 1.
Vous avez signé en août dernier un accord avec le fonds souverain chinois CIC, qui a pris 30 % de votre filiale exploration et production. N'est-ce pas faire entrer le loup chinois dans la bergerie européenne?
Je ne crois pas qu'il y ait un loup chinois ou une bergerie européenne. Cela fait vingt-cinq ans que je travaille avec les Chinois. Je connais très bien le fonds CIC depuis sa création en 2007. En tant que président de Paris Europlace, je préfère qu'un fonds souverain investisse de façon amicale à Paris plutôt qu'à Londres ou Francfort. Notre accord avec CIC couvre tous nos métiers et tous les pays. Nous avons entre autres un projet de terminal gazier en Chine, nous avons des projets dans le stockage de gaz. J'exclus cependant de devenir producteur d'électricité indépendant en Chine tant que la réglementation ne donnera pas la visibilité suffisante. En revanche, les coopérations hors de Chine avec des électriciens chinois sont à l'étude.
Le contexte macroéconomique ne risque-t-il pas de rendre délicates les nouvelles cessions d'actifs que vous envisagez?
Nous avons un an et demi pour le faire, et il ne s'agit pas d'un montant disproportionné. Depuis la fusion il y a quatre ans, nous cédons en moyenne 4 milliards d'euros d'actifs chaque année. C'est une gestion saine d'optimiser en permanence son portefeuille. Parmi les 100 milliards d'actifs du groupe, nous définirons ceux à céder conformément à la stratégie du groupe: privilégier les pays émergents et améliorer notre résultat net par action. Nous ne vendrons donc pas les actifs qui rapportent le plus. Je répète que nous n'effectuerons aucune cession en France et en Belgique. Notre orientation stratégique ne se fait pas au détriment de nos marchés domestiques.
GDF Suez n'a remporté aucune zone pour l'éolien marin. Comment expliquez-vous cet échec?
Nous avons travaillé avec les meilleurs partenaires: le seul fabricant français d'éoliennes offshore à ce jour, Areva, Vinci qui a une grande expérience dans les chantiers en mer et la CDC. Nous avons bâti les meilleurs projets possibles en appliquant nos critères habituels de rentabilité. Je regrette que notre offre au Tréport n'ait pas été retenue car notre consortium avait un fort soutien des collectivités de Haute-Normandie et présentait un projet industriel cohérent avec des emplois locaux à la clé. Je rappelle que nous sommes le leader français de l'éolien à terre. Cela dit, pour emporter beaucoup d'appels d'offres, il faut forcément en perdre. Et pour mettre les choses en perspective, la capacité électrique du projet du Tréport représente 0,5 % de la puissance installée de GDF Suez dans le monde.
Il a été question que vous rachetiez la part d'Iberdrola dans le projet de Saint-Brieuc, mené avec Areva?
Cette affirmation me surprend beaucoup. Par ailleurs, si d'autres appels d'offres sont organisés dans l'éolien offshore en France, nous verrons si nous y participons.
Le quinquennat s'achève. Avez-vous le sentiment que les arbitrages ont trop souvent été favorables à EDF?
Chez GDF Suez, nous nous sommes fixés comme ligne de ne jamais commenter les choix des gouvernements dans les 70 pays où nous sommes présents. Dans l'opération d'International Power qui nous occupe aujourd'hui, j'ai apprécié le rôle de l'État actionnaire, qui, je le rappelle, détient 35 % du groupe. L'État a approuvé le principe de cette transaction et décidé de prendre son dividende en actions, ce qui est un soutien très fort pour cette opération majeure pour GDF Suez.

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