Le PDG du groupe explique l'intérêt stratégique de la montée à 100 % dans International Power.
GDF Suez
va finalement débourser 8,4 milliards d'euros pour racheter les 30 % du
capital qu'il ne possédait pas dans le groupe britannique International
Power. En rachetant 70 % en 2010, GDF Suez était devenu le deuxième
électricien mondial. Fin mars, le groupe proposait 390 pence par action
sur le reste du capital. Il a dû consentir une rallonge de 7 %, à
418 pence. L'impact sur la dette de l'opération se monte à
8,4 milliards. Le groupe a promis de nouvelles cessions d'actifs pour
3 milliards d'euros d'ici à fin 2013, en plus du plan de désengagement
de 10 milliards déjà annoncé.
Cette opération industrielle et stratégique a pour but de conforter la position du groupe sur les marchés à forte croissance. Cela se traduira par une augmentation des investissements dans ces pays. En effet, cette opération renforce l'assise financière de GDF Suez en augmentant notamment ses fonds propres de 2 à 3 milliards d'euros. GDF Suez intégrera également 100 % du cash-flow d'IP et pourra ainsi, mieux que par le passé, décider de ses priorités d'investissement.
Notre site - Pourquoi était-il si important de racheter les 30 % du capital d'IP que vous ne déteniez pas?
Gérard MESTRALLET.
- Le groupe s'est fixé depuis quinze ans comme priorité de développer
sa présence dans les pays émergents. En partant de zéro, nous sommes
devenus en dix ans le premier producteur indépendant d'électricité au
monde, avant de nous rapprocher amicalement du numéro 2, International Power,
en prenant 70 % du capital. Le rachat des 30 % restants nous permet de
renforcer et consacrer la position de GDF Suez comme énergéticien de
référence dans les pays émergents, avec pour objectifs de disposer en
2016 d'une capacité de production de 150.000 mégawatts (MW), dont 90.000
hors d'Europe. IP est valorisé 26 milliards d'euros, l'équivalent de la
11e société du CAC 40.
En quoi cela vous permet-il de
porter de 30 % à 40-50 % la part de vos investissements de développement
dédiés aux pays à forte croissance?
Cette opération industrielle et stratégique a pour but de conforter la position du groupe sur les marchés à forte croissance. Cela se traduira par une augmentation des investissements dans ces pays. En effet, cette opération renforce l'assise financière de GDF Suez en augmentant notamment ses fonds propres de 2 à 3 milliards d'euros. GDF Suez intégrera également 100 % du cash-flow d'IP et pourra ainsi, mieux que par le passé, décider de ses priorités d'investissement.
Quelles sont vos priorités dans les pays émergents?
Nous
ne hiérarchisons pas les continents. Nous avons fait de très belles
opérations au Brésil, au Chili, au Pérou, à Panama. Nous étions déjà
présents dans tous les pays du Golfe sauf au Koweït, où nous venons de
remporter un important contrat. Notre présence est appelée à s'accroître
encore plus vite en Asie-Pacifique, mais je ne mets pas cette zone
devant les autres. Nous avons conquis la première place à Singapour,
renforcé nos positions de numéro 2 en Thaïlande et en Indonésie, et
comptons beaucoup sur l'Australie où nous sommes numéro 1.
Vous
avez signé en août dernier un accord avec le fonds souverain chinois
CIC, qui a pris 30 % de votre filiale exploration et production.
N'est-ce pas faire entrer le loup chinois dans la bergerie européenne?
Je
ne crois pas qu'il y ait un loup chinois ou une bergerie européenne.
Cela fait vingt-cinq ans que je travaille avec les Chinois. Je connais
très bien le fonds CIC depuis sa création en 2007. En tant que président
de Paris Europlace, je préfère qu'un fonds souverain investisse de
façon amicale à Paris plutôt qu'à Londres ou Francfort. Notre accord
avec CIC couvre tous nos métiers et tous les pays. Nous avons entre
autres un projet de terminal gazier en Chine, nous avons des projets
dans le stockage de gaz. J'exclus cependant de devenir producteur
d'électricité indépendant en Chine tant que la réglementation ne donnera
pas la visibilité suffisante. En revanche, les coopérations hors de
Chine avec des électriciens chinois sont à l'étude.
Le contexte macroéconomique ne risque-t-il pas de rendre délicates les nouvelles cessions d'actifs que vous envisagez?
Nous
avons un an et demi pour le faire, et il ne s'agit pas d'un montant
disproportionné. Depuis la fusion il y a quatre ans, nous cédons en
moyenne 4 milliards d'euros d'actifs chaque année. C'est une gestion
saine d'optimiser en permanence son portefeuille. Parmi les
100 milliards d'actifs du groupe, nous définirons ceux à céder
conformément à la stratégie du groupe: privilégier les pays émergents et
améliorer notre résultat net par action. Nous ne vendrons donc pas les
actifs qui rapportent le plus. Je répète que nous n'effectuerons aucune
cession en France et en Belgique. Notre orientation stratégique ne se
fait pas au détriment de nos marchés domestiques.
GDF Suez n'a remporté aucune zone pour l'éolien marin. Comment expliquez-vous cet échec?
Nous avons travaillé avec les meilleurs partenaires: le seul fabricant français d'éoliennes offshore
à ce jour, Areva, Vinci qui a une grande expérience dans les chantiers
en mer et la CDC. Nous avons bâti les meilleurs projets possibles en
appliquant nos critères habituels de rentabilité. Je regrette que notre
offre au Tréport n'ait pas été retenue car notre consortium avait un
fort soutien des collectivités de Haute-Normandie et présentait un
projet industriel cohérent avec des emplois locaux à la clé. Je rappelle
que nous sommes le leader français de l'éolien à terre. Cela dit, pour
emporter beaucoup d'appels d'offres, il faut forcément en perdre. Et
pour mettre les choses en perspective, la capacité électrique du projet
du Tréport représente 0,5 % de la puissance installée de GDF Suez dans
le monde.
Il a été question que vous rachetiez la part d'Iberdrola dans le projet de Saint-Brieuc, mené avec Areva?
Cette
affirmation me surprend beaucoup. Par ailleurs, si d'autres appels
d'offres sont organisés dans l'éolien offshore en France, nous verrons
si nous y participons.
Le quinquennat s'achève. Avez-vous le sentiment que les arbitrages ont trop souvent été favorables à EDF?
Chez
GDF Suez, nous nous sommes fixés comme ligne de ne jamais commenter les
choix des gouvernements dans les 70 pays où nous sommes présents. Dans
l'opération d'International Power qui nous occupe aujourd'hui, j'ai
apprécié le rôle de l'État actionnaire, qui, je le rappelle, détient
35 % du groupe. L'État a approuvé le principe de cette transaction et
décidé de prendre son dividende en actions, ce qui est un soutien très
fort pour cette opération majeure pour GDF Suez.
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