Les derniers indicateurs de la santé économique de la zone euro et de la France n'incitent pas à l'optimisme. Les indices PMI des directeurs d'achat pour la zone euro s'est inscrit à 46 points en juin, le plus bas en 35 mois. En France, il s'est légèrement amélioré par rapport au mois précédent, à 46,7 points. Mais, en-dessous des 50 points, il traduit un recul de l'activité.
Pourquoi l'économie ralentit-elle en France et en zone euro?
Thomas Costerg - L'activité s'est détériorée de façon très marquée ces dernières semaines en France et en zone euro.
L'escalade de la crise de la zone euro a pesé sur la confiance des
ménages, des entreprises et des marchés, avec notamment l'incertitude
liée aux élections grecques de dimanche dernier et la réapparition des
tensions sur les dettes italienne et espagnole. Il faut ajouter à cela
la fragilité des banques, qui affecte la distribution du crédit. Enfin,
l'envolée des prix des matières premières en début d'année continue de
ralentir la croissance, avec un effet retard, malgré la baisse des cours
du pétrole ces dernière semaines.
Selon vous, retombera-t-on en récession?
Oui. Le produit intérieur brut (PIB) va probablement reculer sur la période d'avril à septembre en zone euro. Sur l'ensemble de l'année, la croissance devrait être marginalement positive dans l'Hexagone et négative dans l'ensemble de la zone. Au-delà de l'issue favorable des élections grecques, les plans d'austérité menés de concert a l'échelle européenne grèvent l'économie ; par ailleurs la perte de confiance en zone euro est devenue profonde. Les solutions ne sont avancées que par petites touches, il manque toujours un grand plan d'ensemble qui ferait durablement revenir la confiance.
L'Allemagne est elle aussi touchée par la crise. Cela peut-il la faire bouger dans les négociations en zone euro?
L'économie allemande devrait accuser le coup au deuxième trimestre, après avoir enregistré un très bon début d'année (+0,5% de croissance). Une vision cynique de la situation peut inciter à penser que cela rendra Berlin plus conciliant dans la gestion de la crise. Toutefois, le recul continu de la production allemande révélée par l'indice PMI, au plus bas depuis trois ans en juin (à 44,7 points), est un signal négatif: si la croissance cale outre-Rhin, cela signifie moins de marge de manœuvre en matière budgétaire et la perte d'un moteur important pour la zone euro. Toutefois, l'Allemagne devrait continuer à bénéficier d'une meilleure croissance que le reste de la zone. Angela Merkel ne mène pas véritablement de plan de rigueur. Au contraire, elle a même annoncé qu'elle souhaitait allouer 100 euros pour les femmes au foyer s'occupant de leurs enfants!
La détérioration de la conjoncture peut-elle pousser la Banque centrale européenne (BCE) à agir?
Nous
pensons depuis quelques temps que la BCE baissera ses taux à 0,75%,
contre 1% aujourd'hui. Cela devrait intervenir prochainement, au début
du troisième trimestre si les indicateurs continuent de se détériorer.
Le sujet a d'ailleurs été abordé lors de la dernière réunion des
gouverneurs de la BCE, et Benoît Coeuré, membre du directoire, a indiqué
ce jeudi qu'il en sera aussi question lors de la prochaine rencontre
mensuelle.
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