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mercredi 6 juin 2012

L'Espagne appelle l'Europe à l'aide pour ses banques.

Le premier ministre espagnol Mariano Rajoy.
Le premier ministre espagnol Mariano Rajoy.


 Le premier ministre espagnol demande à l'Europe «d'aider les pays en difficulté». L'Espagne n'a plus accès aux marchés. L'appel à un sauvetage bancaire semble imminent.



L'Espagne est au bord du plan de sauvetage. Si Madrid n'a pas encore officiellement appelé à l'aide européenne, celle-ci devient inéluctable, tant la pression des marchés est forte.
Alors que la crise espagnole était au cœur d'une conférence téléphonique du G7, le chef du gouvernement Mariano Rajoy a fait un pas de plus vers la demande d'assistance financière. Devant le Parlement à Madrid, il a appelé l'Europe à «soutenir les pays en difficulté» et préparé les esprits. «Le plus urgent, pour nous, le plus important, c'est notre problème de financement, de liquidités, et de soutenabilité de la dette», a-t-il résumé.
Réticent à accepter un sauvetage européen qu'il juge humiliant, Mariano Rajoy a rappelé sa préférence pour les achats de dettes par la Banque centrale européenne (BCE), qui ont «considérablement soulagé» l'Espagne l'an dernier.
Mais cette année, depuis que la BCE a cessé ses rachats de dettes, l'Espagne subit une hausse de taux d'emprunt telle sur les marchés obligataires qu'elle rend sa situation intenable. Le Trésor espagnol emprunte à 6,23% à 10 ans, contre 1,20% pour l'Allemagne, soit une prime de risque record de 500 points de base. «La prime de risque actuelle signifie que l'Espagne n'a pas accès aux marchés», reconnaît le ministre espagnol du Budget, Cristobal Montoro.

«L'Espagne va devoir manger son chapeau»:

Refusant d'être assimilée à des petits pays comme la Grèce, le Portugal ou l'Irlande, l'Espagne, quatrième économie de la zone euro, refuse un sauvetage souverain. Elle juge cette solution non seulement inutile mais hors de portée de l'Europe. «Mettre l'Espagne à l'abri des marchés financiers pendant trois ans nécessiterait 600 milliards d'euros et l'Europe ne les a pas», rappelle un proche du gouvernement à Madrid. L'Europe ne dispose, il est vrai, que de 750 milliards d'euros de capacité de prêts, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES).
En revanche, Madrid s'accommoderait d'un sauvetage strictement bancaire, évalué à 100 milliards d'euros d'après les experts. Il passerait par le Fonds européen de stabilité financière (FESF) doté de 450 milliards d'euros, qui peut recapitaliser les banques en émettant des obligations, comme il l'a fait en Grèce le mois dernier.
Reste à définir les modalités exactes de ce sauvetage bancaire espagnol. Elles divisent Madrid et Berlin au plus haut niveau. L'Espagne plaide pour une recapitalisation directe, qui court-circuite le gouvernement espagnol, pour éviter toute confusion avec un sauvetage souverain et échapper à la mise sous tutelle de son secteur bancaire par Bruxelles.
Impossible, dit Berlin. D'après les traités, ni le FESF ni le Mécanisme européen de stabilité (MES) ne sont autorisés à recapitaliser directement les banques. Le passage par une entité publique garante de l'utilisation des fonds européens est obligatoire. «L'Espagne va devoir manger son chapeau», estime Jean Pisani-Ferry, directeur de Bruegel, «car l'Allemagne a déjà bougé en acceptant que ce ne soit pas un sauvetage classique avec le FMI et un programme de réformes à la clé…».

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