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jeudi 10 mai 2012

L'Espagne va nationaliser la quatrième banque du pays .

Bankia est la quatrième banque espagnole.
Bankia est la quatrième banque espagnole.


 L'État deviendra l'actionnaire majoritaire après un apport en capital de plus de 4,4 milliards d'euros. Il s'agira de la première nationalisation d'une banque importante depuis vingt ans.



En pleine crise financière et économique, l'Espagne va nationaliser Bankia, la quatrième banque du pays, issue de la fusion de sept caisses d'épargne espagnoles en décembre 2010. L'information, diffusée ce mercredi par El Pais et le quotidien ABC, a été confirmée dans la soirée par le ministère de l'Economie. Celui-ci a indiqué que le gouvernement allait prendre 45% du capital du groupe bancaire, ce qui en ferait l'actionnaire majoritaire. «La valeur nominale de ces participations s'élève à 4,465 milliards d'euros», précise le ministère dans un communiqué. L'argent proviendrait du Fonds public de soutien aux banques espagnoles, le Frob, crée en 2010.
Peu avant cette annonce, la Banque d'Espagne avait aussi confirmé que Bankia avait sollicité sa nationalisation partielle. Annoncé depuis plusieurs jours, ce renflouement est destiné à rassurer les investisseurs, alors que les comptes de la banque sont plombés par des prêts immobiliers à risques.
La perspective d'une nationalisation d'une grande banque espagnole, inédite dans le pays depuis 1992, ne plaît pas aux marchés. Ce mercredi, toutes les banques espagnoles ont été sanctionnées en Bourse: Santander et BBVA ont cédé 4,52% et 4,73%, respectivement, alors que Bankia perdait 5,84%. Le secteur entraîne dans sa chute l'ensemble de l'Ibex 35, qui a clôturé à un niveau inédit depuis 2003.

Un plan de sauvetage vendredi:

Si la mesure fait sensation à Madrid, l'Espagne n'est pas le premier pays européen à avoir nationalisé ses banques depuis que la crise a éclaté en 2008. La Belgique, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, et l'Irlande ont nationalisé une bonne partie de leur secteur bancaire. En Irlande, le coût du sauvetage bancaire fut si élevé, qu'il a creusé le déficit à 32% du PIB, obligeant le pays à faire appel à l'aide du FMI et de la zone euro.
En Espagne, la nationalisation de Bankia marque un tournant inquiétant dans la crise bancaire. Après la faillite de Lehman Brothers, les grandes banques espagnoles comme BBVA et Santander étaient citées en exemple pour leur solidité. Les problèmes sont venues des «cajas», les caisses d'épargne qui ont investi à tour de bras dans l'immobilier. Aujourd'hui, elles ne sont plus qu'une dizaine mais gorgées d'actifs à risque, dont 37,5 milliards d'euros pour la seule Bankia.
Le gouvernement qui a déjà demandé, début février, aux banques de provisionner 53 milliards d'ici un an, s'apprête à présenter un nouveau plan de sauvetage, vendredi, en Conseil des ministres.
Les besoins de recapitalisation du secteur bancaire espagnol sont évalués à 100 milliards d'euros, alors que les créances douteuses s'élèvent à 143,8 milliards d'euros, d'après les derniers chiffres de la banque d'Espagne.
Incapables de se refinancer alors que les taux s'envolent sur les marchés de la dette, les banques espagnoles n'ont d'autre choix que de faire appel à l'aide de l'État. Mais le gouvernement n'a pas les moyens de sauver tout le secteur, alors que son déficit s'élève déjà à 8,5% du PIB. Et qu'il s'est déjà engagé pour 2012 sur 47 milliards d'euros d'économie. Même s'il lui en coûte politiquement, Mariano Rajoy pourrait être contraint d'en passer par l'aide du FESF (Fonds européen de stabilité financière).

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