Angela Merkel s'est dite confiante, samedi, sur la possibilité d'installer un «partenariat stable avec le nouveau président français».
Soucieuse d'instaurer un climat de confiance avec François Hollande dès leur première rencontre, Angela Merkel s'efforce de désamorcer le bras de fer annoncé avec le président socialiste, en particulier sur le volet de la croissance.
Après avoir signalé sa volonté de conciliation, la chancelière n'est cependant pas disposée à céder d'entrée de jeu à son nouveau partenaire sur le fond. Cependant, Berlin souhaite éviter que les désaccords n'éclatent au grand jour, mardi, lorsque le président fraîchement investi se rendra à Berlin pour sa première visite officielle à l'étranger.
Angela Merkel avait annoncé qu'elle accueillerait Hollande «à bras ouverts» en dépit de leurs divergences sur le pacte européen de stabilité. Après avoir martelé fermement ses positions sur la nécessité de poursuivre la politique de discipline budgétaire en Europe toute la semaine, la chancelière s'est dite confiante, samedi, sur la possibilité d'installer un «partenariat stable avec le nouveau président français». «Nous savons depuis la création de la République fédérale d'Allemagne qu'une bonne relation franco-allemande est tout simplement très importante, pour les deux pays», a insisté Merkel.
«Faire connaissance»:
Les deux dirigeants doivent s'entretenir de la crise dans la zone euro et des relations bilatérales. François Hollande veut rouvrir les négociations sur ce pacte de discipline budgétaire pour y ajouter des mesures de croissance, ce à quoi l'Allemagne s'oppose fermement. Berlin doute que François Hollande soit disposé au compromis avant le soir du second tour des législatives, le 17 juin. Mardi, la chancelière cherchera surtout à savoir jusqu'où Hollande est déterminé à s'accrocher à sa demande de «renégociation». «Il s'agira d'une rencontre pour faire connaissance. Mais je pense que de là grandira un bon travail de coopération», a-t-elle dit pour désamorcer les attentes de décisions.Vendredi, Berlin avait répondu par une fausse ouverture aux demandes de François Hollande en présentant un plan en six points pour soutenir la croissance dans la zone euro. Celui-ci rappelle les initiatives soutenues par l'Allemagne: meilleure gestion des fonds, redéploiement des fonds structurels pour financer des projets porteurs de croissance, amélioration de l'efficacité de la Banque européenne d'investissement (BEI) pour financer les PME, investissement dans des projets d'infrastructures européennes, amélioration du fonctionnement du marché intérieur, renforcement des accords de libre-échange. Mais toute formule qui contribuerait à alourdir les déficits, ou mentionnant une renégociation du traité existant, est totalement taboue à Berlin.
Le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, a recadré fermement samedi ceux qui ont pu laisser penser à un infléchissement de sa doctrine d'orthodoxie, et il a lancé des mises en garde à François Hollande. «Une modification des statuts de la BCE serait dangereuse», prévient l'ancien conseiller économique d'Angela Merkel, en référence aux propositions de François Hollande de laisser la BCE prendre des mesures de soutien à l'économie ou prêter directement aux États. Et d'ajouter qu'«il faut attendre le programme final du gouvernement» du président français. «Il est clair qu'il faut refuser sa revendication de campagne, de détricoter le pacte budgétaire européen», a-t-il tranché. Même si, en réalité, le candidat Hollande a plutôt parlé de le compléter.
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