Angela Merkel.
La France est le pays pour lequel la probabilité de l'abandon de la monnaie unique leur paraît la plus faible.
Qu'Angela Merkel se le tienne pour dit: elle s'apprête à recevoir le chef de l'État d'Europe qui éprouve le plus d'attachement à l'euro. S'il ne devait rester qu'un seul pays dans la monnaie unique - étrange paradoxe -, ce serait la France. Alors que les bookmakers londoniens ont cessé de parier sur une sortie de la Grèce, tant la probabilité leur en semble forte (4 contre 1), la France est le pays pour lequel la probabilité de l'abandon de la monnaie unique leur paraît la plus faible, avec une cote de 20 contre 1. Notre risque de sécession est donc plus réduit que celui de l'Allemagne (14/1) et a fortiori de l'Espagne (12/1).
Sans être scientifique, l'opinion des bookmakers exprime parfaitement la réalité historique. C'est François Mitterrand qui avait fait pression sur Helmut Kohl pour qu'il renonce à son Deutsche Mark, symbole de la réussite allemande, et non l'inverse. Et aujourd'hui la crainte de voir l'Allemagne faire bande à part n'est pas négligeable.
Le jugement de Salomon:
Ce n'est certes pas un atout que d'entrer dans une négociation en étant le plus attaché à l'objet du marchandage. Dans le jugement de Salomon, la vraie mère préfère abandonner son enfant plutôt que de le voir couper en deux comme on le lui propose. Lionel Jospin l'avait expérimenté à ses dépens en juin 1997, lorsqu'il avait demandé que l'on adjoigne un volet croissance au pacte de stabilité. Ce qui fut fait dans les termes du traité d'Amsterdam - la ville du sommet - où l'on ajouta «et de croissance», une simple fleur de rhétorique. Et, quelques mois plus tard, lors d'un nouveau sommet en faveur de l'emploi à Luxembourg, la «gauche socialiste» eut beau déclarer que «l'Europe sociale mérite bien une crise de l'euro», la menace fut vaine.Cette fois, les chances de parvenir à un «compromis», selon le mot de Pierre Moscovici, le directeur de campagne de François Hollande, sont bien plus grandes. Contrairement à l'été 1997 où elle avait déjà amorcé un mouvement de reprise, l'économie européenne se trouve en récession. Face à un problème de fond qu'elle ne nie nullement, Angela Merkel a d'ailleurs pris les devants. Parmi les six points qu'elle propose (voir ci-dessus) figurent les «projects bonds» finançant des projets d'investissement. Le cousinage est plus que sémantique avec les «eurobonds», qui visent à mutualiser, en partie, les dettes publiques… et que Berlin exclut.
Dans le camp français, Michel Sapin, promis à un brillant avenir ministériel, vient de reconnaître les dangers d'une relance aggravant les déficits et la dette. Cette concession à la chancelière ira-t-elle jusqu'à respecter à tout prix le calendrier de réduction des déficits, ou s'accordera-t-on à le geler?
Il y va de la réputation d'un «Hollande, nouveau Roosevelt pour l'Europe», que l'économiste socialiste Thomas Piketty, apôtre des bienfaits de l'impôt, s'efforce d'accréditer urbi et orbi. Mais il ne faut pas oublier non plus qu'un New Deal comporte aussi des réformes structurelles. Ce volet fait partie de la négociation qui s'engage en Europe, comme en témoigne la mission d'enquête bruxelloise qui vient de séjourner à Paris, de même que dans onze autres économies européennes confrontées à des problèmes manifestes de compétitivité. Ses conclusions seront officiellement présentées le 30 mai.
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