Le Spiegel y voit une première étape vers un «Agenda 2020» sur le modèle des réformes Schröder en Allemagne, alors que Financial Times parle de mesures de «flexisécurité à l'Allemande».
La presse britannique et américaine, tout comme les grands journaux
d'outre Rhin qui n'avaient pas ménagé leurs critiques vis à vis de
l'immobilisme social et économique des Français, ne cachent pas leur
satisfaction. «La France commence ses réformes structurelles», titre sur
son site internet le Handelsblatt, le quotidien allemand de l'économie.
Le Wall Street Journal,
son homologue américain, n'hésite pas à prendre le point de vue des
entreprises: «les employeurs français gagnent une nouvelle flexibilité
du travail». Le Financial Times considère pour sa part que «l'accord»
conclu dans la nuit de vendredi à samedi constitue une «percée» de
nature à apporter «un soutien aux efforts du Président François Hollande
pour revitaliser une économie à la peine».
Le journal de la City à
Londres insiste tout particulièrement sur les nouvelles règles en
matière de gestion des effectifs: «l'élément clé de l'accord (entre les
syndicats et le patronat) est de s'être entendu sur une «flexibilité à
l'allemande», qui va donner plus de liberté pour négocier une réduction
des heures de travail et des salaires durant une période de baisse
d'activité jusqu'à deux ans, avec en contrepartie l'engagement de ne pas
licencier».
«Un grand succès pour le gouvernement» dit le Handelsblatt:
Et pour expliquer en quoi changements sont essentiels, le Financial Times
rappelle que «durant la récession d'après 2008, l'Allemagne a pu
traiter ainsi 1,5 million d'emplois, comparés à seulement 245 000 en
France».
Toutefois, il ne faut pas trop se faire d'illusions sur
les effets immédiats. «Il n'est pas certain que l'accord crée des
emplois à court terme, alors que la croissance en France est tombée à
pratiquement zéro l'année passée», observe le Wall Street Journal.
Il se demande même si les nouvelles règles «tout en revivifiant les
créations de postes à moyen terme, ne pourraient pas avoir l'effet
inverse dans l'immédiat, comme ont averti certains économistes».
On
ne saurait mieux mettre le doigt sur le court-termisme traditionnel des
hommes politiques français et l'impatience légendaire de leur opinion
publique. Le Spiegel, l'hebdomadaire le plus puissant de la zone
euro et jamais très tendre vis à vis de la France, se veut pourtant pour
une fois positif: «les Français s'entendent pour réformer le marché du
travail», annonce-t-il dans son titre.
Que les Français se mettent
d'accord entre eux n'est pas banal en effet, c'est même un scoop. «Ce
pourrait devenir comme l'Agenda 2020 pour la France», poursuit le Spiegel, faisant référence à l'Agenda 2010 du chancelier Gerhard Schröder,
qui a remis l'économie allemande sur les rails de la prospérité. A
contrario c'est aussi une façon de rappeler que la France a pris dix ans
de retard sur l'Allemagne.
La presse allemande, qui a toujours
reflété fidèlement les craintes de la Chancelière Angela Merkel vis à
vis de la France, paraît en tout cas rassurée: «Non seulement pour
l'économie française, mais pour le gouvernement, c'est un grand succès»,
résume le Handelsblatt. Le «Merkholland» qui semblait battre de l'aile va-t-il s'en trouver revigoré?
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