La productivité du travail, s'est accrue de 2,5 % en 2009, aux Etats-Unis, malgré la crise, creusant encore l'écart avec l'Union européenne où elle a régressé de plus de 1 % en moyenne, selon une étude publiée mercredi 20 janvier par le Conference Board, un groupe de réflexion américain sur les entreprises et l'économie. En valeur absolue, la productivité européenne ne s'élèverait ainsi, en 2009, qu'à 71 % de la productivité américaine.
La moyenne européenne masque de fortes disparités. L'Allemagne ou la Grande-Bretagne sont à la traîne avec une productivité en baisse respectivement de 2,2 % et 1,9 %. Alors que l'Espagne (+ 3,8 %) ou la Pologne (+ 1,8 %) font aussi bien, voire mieux que les Etats-Unis. La France est au-dessus de la moyenne avec une croissance de sa productivité de 0,3 %.
Parallèlement, la productivité s'est accrue de 8,2 % en Chine, dont le score en valeur absolue reste néanmoins très bas, à 14,6 % de la productivité des Etats-Unis.
Globalement, la productivité mondiale a diminué de 1 % en 2009 ; ce qui serait la première baisse en vingt ans, selon ce rapport. La situation devrait s'améliorer en 2010. Avec une productivité mondiale à nouveau en croissance, de 2,2 % : poursuite de l'amélioration de la productivité dans les pays émergents (+ 7,7 % en Chine), mais aussi dans l'Union européenne (+ 2 %) et aux Etats-Unis (+ 3 %).
Les différences d'ajustement du marché du travail au ralentissement économique expliquent ces écarts de productivité. Licenciements massifs aux Etats-Unis, où 7,2 millions d'emplois ont été supprimés depuis le début de la crise. Ajustements plus lents en Europe.
Cette amélioration de la productivité, qui s'accompagne d'une forte augmentation du chômage, aura-t-elle un effet vertueux sur la croissance ?
Certes, selon Paul Krugman, Prix Nobel d'économie 2008, la productivité est une bonne chose, parce qu'elle permet de produire plus et donc de consommer plus, et par conséquent d'élever un peu plus le niveau de vie, qu'elle survienne dans un pays riche ou dans un pays pauvre. "Aux Etats-Unis, les entreprises ajustent leurs marges plus vite qu'en Europe ; elles peuvent ainsi se mettre plus rapidement à investir, ce qui améliore encore davantage leur productivité et créé un cercle vertueux", explique Mathilde Lemoine, directeur des Etudes économiques et de la stratégie marchés de la banque HSBC France.
Néanmoins, il est possible que la baisse de la productivité allemande soit une bonne stratégie à terme. Car, explique Mme Lemoine, "la population allemande a commencé à diminuer. Les entreprises allemandes craignent de ne pas retrouver de compétences, si elles licencient. Elles préfèrent donc recourir au chômage partiel plutôt que de licencier".
Alors que la situation française n'est peut-être meilleure qu'en apparence. Car la réduction d'emplois, qui a permis de maintenir la productivité, a porté en grande partie sur les intérimaires et les contrats à durée déterminée (CDD) : "Une population que l'on ne forme pas, dont la force de travail se déprécie, ce qui accroît le chômage structurel", estime Mme Lemoine.
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