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lundi 25 janvier 2010

France Télécom : la lutte contre le stress au travail se met en place lentement.

Deux nouveaux suicides et deux tentatives sont survenus chez France Télécom depuis le début de l'année. Sans présumer de l'existence d'un lien entre ces actes et le travail, le syndicat SUD se dit "inquiet, d'autant que ce début d'année marque la fin du gel des mobilités forcées" décidé par la direction en septembre 2009 à la suite d'une série de suicides.
SUD a porté plainte au pénal, le 14 décembre 2009, pour "harcèlement moral", "mise en danger de la vie d'autrui" et infraction à la législation du travail contre France Télécom ; Didier Lombard, son PDG ; Olivier Barberot, le directeur des ressources humaines ; Louis-Pierre Wenes, l'ex-directeur exécutif délégué.
Plusieurs chantiers de négociation (mobilités, conditions de travail, organisation du travail, etc.), ouverts mi-septembre 2009, devraient encore durer "un mois", selon Pierre Morville, délégué syndical central (DSC) CGC-UNSA. Mais, pendant les travaux, les mobilités forcées ont repris. Ainsi, les 1 900 salariés de la division Clients Entreprises devraient déménager à partir de fin février de leurs bureaux du 13e arrondissement de Paris vers La Plaine-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), malgré l'avis négatif rendu le 4 janvier par le Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT).
"Tout est déjà planifié alors qu'il n'y a eu aucune négociation préalable à ce déménagement et que la direction a, en décembre, annoncé que les mobilités devaient faire l'objet, en amont, de discussions avec les syndicats sur des projets alternatifs", dénonce Sébastien Crozier, élu CGC/UNSA au comité central d'entreprise (CCE). "Nous avons pris en compte quelques suggestions des syndicats, nous allons encourager le télétravail et négocier une prime d'accompagnement", justifie M. Barberot.
Bonnes nouvelles quand même : trois sites dont la fermeture était prévue sont finalement maintenus à Cahors (Lot), Abbeville (Somme) et Marmande (Lot-et-Garonne). Et le chantier relatif aux mobilités avance : les salariés à moins de trois ans de la retraite ne pourront pas faire l'objet d'une mobilité forcée, conformément à l'accord seniors du 26 novembre 2009. Pour le personnel, "la mobilité se fera essentiellement au volontariat", assure M. Barberot, ajoutant que pour les cadres, "il n'y a plus d'obligation de bouger tous les trois ans".
Sauf que l'entreprise ne garantit, pour l'ensemble des salariés, qu'"une durée minimale de trois ans sur un nouveau poste", selon Christian Pigeon, élu de SUD-PTT au CCE. Pour les cadres, "rien n'est donc modifié, si ce n'est que le "time to move" ("il est temps de bouger") n'est plus systématique."

"Infantilisation":
Dans le dossier des conditions de travail, les salariés des centres d'appels bénéficient désormais d'un temps de "loggage" et de "déloggage" de deux fois dix minutes par jour, intégré au temps de travail. Mais, sur le terrain, certains managers refusent de payer ces temps. L'application de l'accord sur le télétravail signé le 23 juin 2009, ou celui sur l'emploi des seniors, qui ouvre des possibilités de temps partiel, se concrétisent difficilement, car "tout est à la main des managers locaux, qui décident de les appliquer ou pas", déplore M. Morville.
La nécessité d'une "part de convivialité dans l'activité quotidienne" est également dotée d'un budget, selon le dernier point d'étape des négociations du 23 décembre 2009. Ce qui laisse sceptique Evelyne, salariée d'un centre d'appels à Bordeaux : "Notre directrice nous a octroyé 50 euros annuels par personne pour des activités de convivialité, comme la galette des rois. Ce n'est pas ainsi que l'on règle la question de la souffrance au travail ! Moi, j'attends du respect, la fin de l'infantilisation et du flicage."
L'emploi devait être au menu de la séance plénière du lundi 25 janvier. En parallèle se tient une négociation sur la prévention du stress. "La mise en place de mesures d'urgence est notre principale préoccupation", souligne Christian Mathorel, délégué syndical central CGT. Mais ce chantier ne démarre pas sous les meilleurs auspices.

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