Sur les marchés boursiers, l'année 2010 a commencé comme 2009 s'était terminée : bien. Trop bien, peut-être. En quelques séances, à la Bourse de Paris, le CAC 40 a franchi le seuil des 4 000 points. Pour la première semaine de l'année, entre le 4 et le 8 janvier, le marché parisien s'est adjugé 2,76 % à 4 045,14 points, après 22 % de hausse en 2009.
La tendance a été identique à New York, à Londres ou à Tokyo. Sur la période les indices respectifs de ces places financières, le Dow Jones, le Footsie et le Nikkei ont gagné 1,82 %, 2,24 % et 2,39 %. Les marchés ont ainsi presque gommé l'intégralité des pertes accumulées depuis la faillite retentissante de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers, le 15 septembre 2008.
Pourtant, sur le front de l'économie, "on est dans un environnement qui reste un peu pourri", reconnaît Phillippe Waechter, responsable de la recherche chez Natixis AM. Une illustration ? Les Etats-Unis, première économie mondiale, ont annoncé, vendredi 8 janvier, la destruction de 85 000 emplois en décembre 2009. Le taux de chômage stagne ainsi à 10 % de la population active. Rien de très réjouissant...
Mais pour la plupart des investisseurs, tout cela n'est pas dramatique. "Ce chiffre est décevant, mais ne remet pas en cause l'amélioration progressive de l'économie", estime Jean-Louis Mourier, analyste chez Aurel. En étant même un peu provocateur, cette reprise molle arrangerait presque lesdits investisseurs.
Car si l'économie ne redémarre pas en fanfare, cela signifie que les politiques monétaires ultra-accomodantes mises en places par les grandes banques centrales avec des taux d'intérêt très bas destinés à soutenir l'économie, vont se prolonger. Ainsi au regard des rendements des obligations et autres produits de taux, par exemple, les actions vont encore rester un placement attractif.
En outre, les investisseurs constatent que si la croissance n'est pas encore très vigoureuse, les signaux d'une embellie se sont multipliés dès 2009. Dans le secteur automobile, le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) a ainsi annoncé, le 4 janvier, que les immatriculations de voitures neuves avaient bondi de 48,6 % sur un an en décembre 2009. Ces ventes ont, certes, bénéficié du soutien de la prime à la casse.
Mais les constructeurs ont aussi mis en place une organisation de combat en réduisant au maximum leurs coûts afin de doper leurs résultats. Et Renault s'est dit confiant pour le premier trimestre 2010, escomptant des ventes encore solides même après la réduction des aides publiques. Dans la foulée, les titres du constructeur, et celui de son concurrent Peugeot, ont bondi.
Dans les autres secteurs aussi, afin de faire face à la crise, et à une reprise atone, "les entreprises se sont assainies", remarque Grégorie Volokhine, expert chez Meeschaert, à New York. Elles se sont désendettées, ont réduit leurs coûts pour redresser ou maintenir leur rentabilité.
Vendredi, le groupe américain de messagerie UPS a donné une illustration de ce phénomène en annonçant de façon concomitante une amélioration attendue de son bénéfice pour le quatrième trimestre 2009 et la suppression de 1 800 emplois. Et la Bourse apprécie ce genre de nouvelle.
Les investisseurs se gardent toutefois d'afficher un enthousiasme démesuré. Tous savent que la crise n'est pas terminée. Que les ménages demeureront inquiets et que la consommation restera sans doute un peu déprimée. Les titres des groupes français de la grande distribution, comme Casino ou Carrefour, restent ainsi à la peine.
Même les secteurs dits défensifs, comme la pharmacie, ne sont pas à l'abri d'une mauvaise nouvelle. Cette semaine, la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, a annoncé que la France avait annulé une commande de 50 millions de doses de vaccin contre la grippe A (H1N1). La campagne de vaccination n'ayant pas eu le "succès" attendu. Les laboratoires concernés, comme Novartis ou GSK ont vu leurs cours reculer.
La prudence des boursiers est de mise. Le milliardaire américain Warren Buffett, gourou de Wall Street, l'a rappelé en s'opposant au rachat de Cadbury par Kraft, dont il est actionnaire. Il n'est pas question, par les temps qui courent, de gaspiller son argent en surpayant une acquisition, semble dire le septuagénaire, plutôt réputé pour son flair.
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