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samedi 9 janvier 2010

Paris reprend sa charge contre le "désordre monétaire".

Tout au long de l'année 2008, les hommes politiques n'ont pas cessé de déplorer le chaos financier provoqué par des traders cupides, des gestionnaires aveugles et des banquiers irresponsables. De dénoncer l'irrationalité et la dangerosité des marchés.
A peine le calme commence-t-il à revenir, les cours à se stabiliser et à se normaliser que ce sont les mêmes hommes politiques qui sèment le trouble, notamment sur le marché des changes.
Le nouveau ministre japonais des finances Naoto Kan - à peine installé dans le fauteuil d'Hirohisa Fujii, qui, à 77 ans, a dû démissionner pour des problèmes d'hypertension - s'est prononcé en faveur d'un yen plus faible et donc favorable aux exportations. Une rupture majeure, son prédécesseur ayant toujours répété qu'un yen fort ne gênait pas le Japon.
" Ce serait bien que le yen s'affaiblisse un peu plus", a déclaré M. Kan, le 6 janvier, avant de souhaiter un niveau de 95 yens pour 1 dollar et de préciser qu'il était prêt à collaborer avec la Banque du Japon pour y parvenir. Le lendemain, il n'a pas exclu une intervention sur le marché des changes : "Prendre des mesures sur les taux de change quand c'est nécessaire fait partie des devoirs et des prérogatives du ministère des finances. Je suis conscient de ces devoirs et de ces prérogatives."
Ces déclarations fracassantes lui ont valu un ferme rappel à l'ordre du premier ministre Yukio Hatoyama, qui a expliqué que "le gouvernement ne doit par principe pas discuter du marché des changes". "Les taux de change sont décidés par le marché", a fini par concéder l'impétueux M. Kan.
Dans le passé, le Japon est intervenu massivement sur le marché des changes pour affaiblir le yen en achetant des dollars ; mais il ne l'a plus fait depuis 2004. Le billet vert, tombé fin novembre 2009 à 85 yens, son plus bas niveau en quatorze ans, s'est repris depuis : il cotait, vendredi, 92,6 yens.

Le retour des prêcheurs:
En France, c'est le président de la République en personne qui a décidé de sonner la charge contre "les disparités monétaires".
En présentant le 6 janvier à Cholet (Maine-et-Loire) ses voeux aux "forces économiques", M. Sarkozy a estimé qu'elles représentaient un "problème absolument considérable", qui devait être "au centre des débats internationaux" en 2010. "Si on fabrique en zone euro et qu'on vend en zone dollar, avec le dollar qui tombe et l'euro qui monte, comment pouvez-vous compenser le déficit de compétitivité" des entreprises françaises, s'est-il inquiété. "Le désordre monétaire est devenu inacceptable", a-t-il renchéri le lendemain. "Le monde est multipolaire, le système monétaire doit devenir multimonétaire", a-t-il encore lancé.
Dans la foulée de M. Sarkozy, c'est le premier ministre François Fillon qui y est allé, le 8 janvier, de son petit couplet monétaire : "Il faut faire en sorte que les parités monétaires reflètent davantage les fondamentaux économiques."
Cette offensive a surpris puisque le billet vert a repris des couleurs, l'euro revenant de 1,5140 dollar mi-novembre 2009 à 1,44 dollar. A l'origine de ce mouvement, le sentiment d'opérateurs pour lesquels la reprise économique pourrait être plus rapide et vigoureuse aux Etats-Unis qu'en Europe, ce qui conduirait la Réserve fédérale (Fed) à relever ses taux plus tôt que la Banque centrale européenne (BCE).
Les déclarations de MM. Sarkozy et Fillon n'ont en tout cas guère eu d'impact sur les cours. Vendredi après-midi, l'euro a même rebondi à la suite des statistiques décevantes du chômage américain. Il est vrai que, pour les marchés, seule compte la parole du président de la BCE, Jean-Claude Trichet, "M. Euro" et, dans une moindre mesure, celle de la chancelière allemande, Angela Merkel. Personne en revanche ne prête la moindre attention aux discours des autres prêcheurs.

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