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mardi 5 janvier 2010

La crise fait vaciller les projets de tours géantes.


La tour Burj Dubai - de plus de 800 mètres de haut - a été inaugurée le 4 janvier 2010 à Dubaï.

Burj Dubai, avec ses 828 mètres, va rester longtemps, le plus haut bâtiment du monde ; au moins jusqu'en 2020", prédit Georges Binder, spécialiste des tours dont il tient à jour une banque de données.
Avec son coût de 1,5 milliard de dollars, (1 milliard d'euros), ses 1 000 suites luxueuses, ses bureaux, ses piscines, ses centres de fitness, sa bibliothèque, son club de cigares, son restaurant au 124e étage avec vue panoramique, est-ce la dernière folie immobilière de Dubai ? Elle aura, en tout cas, contribué à forger une image de modernité et de puissance, ce qui était un des buts recherchés. Mais aussi de mégalomanie. Son inauguration, le 4 janvier, intervient quelques semaines après l'annonce de la quasi-faillite de l'émirat.
Le contexte de récession a déjà emporté nombre de projets de tours exubérantes, dont sa voisine à Dubaï, la tour Nakheel, qui devait atteindre un kilomètre de haut !
Aux Etats-Unis, la Chicago Spire, tour de 609 mètres conçue par Santiago Calatrava pour la métropole de l'Illinois, a vu son chantier interrompu au stade des fondations. Un autre projet du même architecte, à New York, la "80 South Street", avec ses cubes suspendus, chacun son jardin, a été stoppé en 2008. Tout comme celui des architectes suisses Herzog et de Meuron, au 56 Leonard Street, à New York encore, où se superposaient, dans un équilibre savant, 145 appartements luxueux.
A Moscow City, le quartier futuriste de Moscou, les deux tours du promoteur Mirax, en cours de construction, ont été rabotées à 63 étages, au lieu de 92. Abandonnée la Russia Tower de Norman Foster qui devait, dans le même quartier, culminer à plus de 600 mètres, et devenir la plus haute d'Europe.

COURSE À LA HAUTEUR FREINÉE:
Mais les projets compromis par le mauvais temps économique peuvent renaître aux beaux jours. La course à la hauteur n'est que freinée. M. Binder recense, en 2009, 877 tours en projet à travers le monde, dont 60 en attente, soit autant qu'en 2008. La plupart se situent désormais au Moyen-Orient (23 %) et en Asie (54 %). La Chine, Hongkong ou la Corée du Sud ont toujours été une terre fertile pour ce type de bâtiments. A Séoul la tour Lotte de 555 mètres est en cours de chantier.
Les projets européens restent, en regard, bien timorés. Avis aux visiteurs qui se rendront à Londres à l'été 2012 pour les Jeux olympiques : leur parcours devra les mener vers "The Shard". En forme de flèche, la plus haute tour d'Europe, actuellement en construction au bord de la Tamise dans le quartier de London Bridge, doit mesurer 310 mètres. Signé de l'architecte italien Renzo Piano, cet édifice éclipsera deux autres gratte-ciel en cour de construction, The Pinnacle (288 mètres) et 122 Leadenhall (224,5 mètres), réalisé par Richard Rogers. Dans la City, six tours doivent être achevées entre 2010 et 2012. A Canary Wharf, le quartier rival des docks, quatre bâtiments seront inaugurés en 2011. S'ajoutent les 35 ouvrages dépassant 100 mètres proposés à ce jour qui attendent le feu vert des autorités. Le Skyline de la capitale britannique sera méconnaissable. Car malgré la récession, les tours sortent de terre comme des champignons après la pluie. La faiblesse de la livre sterling et les taux d'intérêt bas attirent les investisseurs étrangers, en particulier du Moyen-Orient et d'Asie. Par ailleurs, l'obtention des permis de construire a été facilitée en restreignant les possibilités de recours des riverains.
A La Défense, l'ambitieux plan de renouveau du quartier d'affaires, qui comptait pas moins d'une quinzaine de projets, est mis à mal et reporté à des jours meilleurs. La tour Signal, de Jean Nouvel, dont Patrick Devedjian, alors président de l'Etablissement public de La Défense (Epad), avait, à Cannes, en mars 2007, dévoilé la maquette, a subrepticement disparu des plaquettes figurant l'avenir de ce quartier. Les deux tours d'Unibail-Rodamco, Majunga et Phare, jouent, elles, les arlésiennes.
Chaque projet abandonné prive l'Epad d'une recette de 50 à 80 millions d'euros ; une dizaine devraient, en revanche, recevoir leur permis de construire au premier trimestre de cette année, comme les tours Ava, Carpe Diem ou Generali, mais avec des charges foncières revues à la baisse : 1 500 euros par mètre carré construit, au lieu de 2 200 euros, en 2007, avec des clauses de retour à meilleure fortune.

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